Pour le septième long métrage dont il signe la réalisation, George Clooney propose un film de science-fiction qui, en cette époque pandémique, emprunte une signification encore plus particulière. Pourtant, The Midnight Sky n’est peut-être pas aussi pessimiste qu’on pourrait le croire, malgré les apparences. Le célèbre acteur s’explique.

Dans The Midnight Sky, George Clooney est pratiquement méconnaissable. C’est pourtant bien lui qui incarne ce scientifique solitaire qui, dans un poste déserté, situé quelque part dans l’Arctique post-apocalyptique, tente l’impossible pour empêcher l’équipage d’un vaisseau spatial de rentrer au bercail après avoir exploré l’un des satellites de Jupiter. En cette année 2049, la planète bleue, pour ainsi dire, n’existe plus.

Empruntant une tonalité rappelant à la fois le remake de Solaris (Steven Soderbergh) et Gravity (Alfonso Cuarón), deux films dans lesquels il a joué, le célèbre comédien porte à l’écran une adaptation du roman à succès Good Morning, Midnight, de Lily Brooks-Dalton, dont le scénario a été écrit par Mark L. Smith. Ce dernier a notamment signé celui de The Revenant pour Alejandro González Iñárritu.

« Quand nous avons commencé à discuter de ce projet, il était surtout question d’évoquer ce dont l’homme était capable pour détruire l’humanité », a déclaré George Clooney lors d’une récente conférence de presse tenue virtuellement. « Puis, en parlant avec les gens de Netflix, nous nous sommes rendu compte à quel point nous vivions une époque très troublante, mue entre autres par la haine et la division, partout dans le monde, pas seulement aux États-Unis. »

Si on passe les 30 prochaines années à nier la science, à nier les changements climatiques, à s’entredéchirer en ne s’écoutant plus, il n’est pas impossible que tout éclate.

George Clooney, lors d’une conférence de presse virtuelle

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George Clooney dans le film The Midnight Sky, dont il signe la réalisation.

Une pertinence accrue

Après le tournage est venue s’ajouter une autre donnée : la pandémie mondiale. Aux yeux de George Clooney, qui s’est notamment distingué à titre de cinéaste grâce à des longs métrages comme Good Night, and Good Luck et The Ides of March, la propagation virulente du coronavirus a illustré de façon éloquente la fragilité de l’écosystème dans lequel les humains vivent. Le propos de son film n’en est devenu que plus pertinent à ses yeux.

« Le thème principal est maintenant encore plus clair, précise-t-il. The Midnight Sky évoque ce besoin qu’ont les gens de rentrer à la maison coûte que coûte en temps de crise, de se rapprocher des gens qu’ils aiment et de se rassembler. Or, cette communication est difficile parce que ce virus nous empêche d’être physiquement ensemble. Cette conférence de presse virtuelle en est d’ailleurs bien la preuve ! Personne ne s’attendait à ce que les thèmes abordés dans cette histoire résonnent de cette façon. Je trouve cette situation bien malheureuse. »

Un changement de cap imprévu

Même si la perspective d’avenir évoquée dans The Midnight Sky peut sembler désespérante, George Clooney a néanmoins tenté de trouver un équilibre afin d’indiquer que tout n’est pas perdu.

Quand Felicity Jones, qui interprète l’une des astronautes, lui a annoncé qu’elle attendait un enfant, le cinéaste s’est vite résolu à utiliser cet évènement heureux — et imprévu — pour faire basculer son récit du côté de la vie.

« Nous tournions en Islande depuis environ trois semaines quand Felicity m’a appris la nouvelle, rappelle-t-il. Nous avons commencé à chercher des solutions pour que sa grossesse ne paraisse pas. Puis, nous nous sommes rendus à l’évidence : la meilleure façon d’accueillir l’imprévu est de l’accepter pleinement. Nous avons écrit de nouvelles scènes, et cet enfant à naître est devenu un nouveau personnage que les autres membres de l’équipage voulaient désormais protéger. Comme s’il devenait le seul signe de vie auquel ils pouvaient désormais se raccrocher. »

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Kyle Chandler dans The Midnight Sky, film de George Clooney

Comme deux films différents

Mettant également en vedette David Oyelowo, Tiffany Boone, Kyle Chandler et Demián Bichir, sans oublier Caoilinn Springall dans le rôle d’une fillette présente auprès du scientifique, The Midnight Sky n’a pas été simple à organiser sur le plan logistique. La partie terrienne a été tournée en Islande, celle dans l’espace, dans les studios de Shepperton, en Angleterre.

« Pour être bien franc, c’était comme si nous tournions deux films différents, explique George Clooney. Pendant qu’à Londres, les acteurs s’entraînaient à jouer en étant suspendus par des câbles, je ne pouvais pas les suivre et voir ce qui se passait, car je tournais ma partie en Islande. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai pu gagner le plateau anglais, alors que le décor du vaisseau spatial venait d’être construit. D’une certaine façon, ç’a été utile, car je n’ai pas eu à me promener entre ces deux mondes complètement différents. Nous avons terminé à temps, à la fin de mois de février, tout juste avant le confinement et l’arrêt des tournages. »

Par ailleurs, l’autrice Lily Brooks-Dalton, qui n’a pas participé à l’écriture du scénario tiré de son roman, a apprécié l’adaptation cinématographique qu’en a faite George Clooney.

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George Clooney sur le plateau de son film The Midnight Sky, en compagnie des acteurs David Oyelowo et Tiffany Boone

« Elle joue même dans le film !, dit-il. Lily est assise dans le public lors d’une conférence que donne mon personnage dans ses plus jeunes années, montrée lors d’un retour dans le passé. En passant, j’ai donné ce rôle à Ethan Peck parce que je devais choisir quelqu’un qui pouvait me ressembler jeune. Même s’il fait 6 pi 3 po, à peu près un pied de plus que moi, et qu’il est super beau, je me suis dit : “Tant pis, prenons-le !” », ajoute le cinéaste en riant.

« Pour revenir à Lily, elle nous a fait parvenir un mot après avoir vu le film en disant apprécier que les différences entre son livre, et même celles entre le scénario qui en a été tiré et ce qu’on voit maintenant à l’écran. Elle a dit être ravie par ce qu’elle a vu. »

The Midnight Sky (Minuit dans l’univers en version française) sera offert sur Netflix le 23 décembre.