(Paris) Après le roman multiprimé du Franco-Rwandais Gaël Faye, récit d’une enfance au Burundi pendant la guerre civile, Petit pays devient un film d’Éric Barbier qui montre la montée de la violence et ses répercussions sur une famille de façon plus frontale, mais sans images démonstratives.

Comme le livre, inspiré de l’enfance de l’auteur, le film d’Éric Barbier (La promesse de l’aube), en salles mercredi en France, raconte le quotidien de Gabriel, un métis franco-rwandais qui grandit au Burundi dans les années 90, avant que sa vie ne soit bouleversée par la séparation de ses parents, la guerre civile et le génocide au Rwanda voisin.

Gaël Faye dit avoir été ébranlé par le film. « Ce qui m’a choqué déjà, c’est le fait que ce soit resserré, en 1 h 45. On ne met pas sur pause, on est là dans la salle. C’est aussi l’empilement des situations, ce moment où on a l’impression d’être en apnée sur la fin du film », additionné à la « tension musicale », a-t-il expliqué à des journalistes dont l’AFP, soulignant avoir pu mettre à distance ce qu’il a vécu dans le roman grâce à des « images poétiques ».

« Quand Éric (Barbier) s’empare de cette histoire, il l’écrit d’une autre façon. Et je suis obligé de baisser la garde, parce qu’il faut que je rentre dans son histoire », dit encore le chanteur, compositeur et écrivain.

Mais pour lui, « la tension de son enfance était beaucoup plus grande que celle qu’il y a dans le film ». « C’est pour ça aussi que ça m’a choqué, c’est que mon père et ma sœur l’ont vu, et mon père m’a dit “quelle enfance vous avez eue” ».

Là où le livre mettait l’accent sur l’évocation nostalgique et poétique d’une enfance perdue à travers l’histoire d’une bande de garçons vivants au grand air, vue à hauteur d’enfant, le film l’aborde aussi, mais se resserre davantage sur la cellule familiale.

Il raconte le quotidien de Gabriel, de ses parents et de sa petite sœur, dans leur maison d’où ils entendent les récits et les bruits de la guerre.

« J’ai poussé le fait qu’il y a cette maison. Tout se passe là », explique Éric Barbier, soulignant qu’« au fur et à mesure, les choses se referment et on est plus dans ce huis clos qui est plus anxiogène ».

Pour le réalisateur, qui a choisi de ne pas montrer d’images du génocide, car « il n’y en avait pas dans le roman », « la force du livre », c’est que tous les événements « rentrent par le biais de la famille et des copains ».