(Paris) « Éveiller les consciences avec le cinéma, c’est ce qu’on espère parfois », estime Benoît Magimel. Dans Lola vers la mer, il incarne le père d’une adolescente transgenre, un film en forme de « parcours initiatique » pour « aborder un sujet assez tabou ».

Après Une fille facile de Rebecca Zlotowski, dans lequel il interprétait un homme d’affaires viril, Benoît Magimel est à l’affiche de ce deuxième film du réalisateur belge Laurent Micheli, en salles mercredi, l’histoire d’une jeune fille transgenre de 18 ans et de son père.

Lola, qui ne parle plus à son père depuis deux ans, est obligée de le revoir quand sa mère meurt. Ensemble, ils vont jusqu’à la côte belge pour respecter ses dernières volontés. Cette adolescente et ce père plein d’incompréhension, qui l’appelle encore Lionel, vont alors essayer de se comprendre.

Face à Mya Bollaers — elle-même transgenre — qui interprète Lola avec une énergie frontale, Benoît Magimel se glisse dans la peau de ce père en apparence borné, mais brisé par le chagrin, qui va laisser apparaître fragilités et doutes.

« J’ai trouvé que ça posait un regard assez lumineux sur la transidentité. Ça permettait de mettre un peu en lumière un sujet assez tabou, qu’on connaît assez mal », souligne Benoît Magimel dans un entretien avec l’AFP.

Pour lui, ce film est « un acte militant », avec en même temps la volonté de « raconter une histoire assez universelle entre un père et son enfant ».

« Contradictions »

« Je me suis beaucoup identifié. J’ai tiré les choses vraiment de manière personnelle, parce que je suis père aussi », explique l’acteur de 45 ans qui a deux filles.

« C’est un parcours initiatique, pas pour le personnage de Lola, mais pour celui de ce père », détaille-t-il. « Il fallait explorer ça. »

Choisi par le réalisateur pour son côté « masculin, hétéro » allié à une grande « sensibilité », l’acteur qui a débuté à 13 ans dans La vie est un long fleuve tranquille d’Étienne Chatiliez interprète tout en nuances ce père d’abord antipathique.

« Ce sont les contradictions qui sont intéressantes […]. Il n’y a pas de force sans fragilité », estime l’acteur, évoquant en filigrane ses propres faiblesses, alors que son parcours a été émaillé ces dernières années par les ennuis judiciaires.

« Ça va. C’est terminé » se contente de dire au sujet d’un chapitre fait divers celui qui avait été condamné en 2017 à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour « tentative d’acquisition » de stupéfiants et consommation d’héroïne et de cocaïne.

« Plus à l’aise »

Récompensé par un Prix d’interprétation à Cannes en 2001 (pour La pianiste) et un César en 2016 (pour La tête haute), il se dit épanoui dans son métier.

« La quarantaine, ça offre une galerie de personnages. Et puis on est un peu plus à l’aise avec soi-même, un peu plus sûr. On a de l’expérience, et donc on a peut-être moins de difficultés à envisager certains types de rôles », estime la star populaire, à l’agenda bien rempli.

Outre les films de Rebecca Zlotowski, Laurent Micheli et Guillaume Canet (Nous finirons ensemble) sortis cette année, Benoît Magimel a tourné dans le nouveau film de Nicole Garcia Lisa Redler et une adaptation du Horla de Maupassant.

Cet habitué des films d’Emmanuelle Bercot a aussi commencé en octobre le nouveau film de la réalisatrice, De son vivant, dans lequel il incarne un fils condamné par un cancer, aux côtés de Catherine Deneuve et Cécile de France.

Perturbé par l’accident vasculaire dont a été victime Catherine Deneuve début novembre, le tournage a été suspendu la semaine dernière, alors que l’équipe avait fini de tourner les scènes sans la star française, dans l’attente de son rétablissement.

« Elle se repose, elle va bien. On se retrouve normalement en début d’année pour terminer ce tournage », indique Benoît Magimel. « On est plutôt sereins », ajoute-t-il. « De toute façon, on ne peut pas imaginer ce film sans elle ».