Dome Karukoski pourrait être un héros dans une histoire de J.R.R. Tolkien. Réaliser un film sur la vie du célèbre auteur du Seigneur des anneaux est une quête en soi. D’abord parce que la famille de John Ronald Ruel Tolkien est généralement réfractaire à toutes les initiatives concernant l’auteur, mais aussi parce que les passionnés de l’œuvre du romancier britannique n’ont pas la réputation d’être les plus indulgents. Bref, la quête de Karukoski peut s’apparenter à celle de Frodon et de ses amis hobbits : le défi semble énorme.

Le cinéaste finlandais en est toutefois pleinement conscient. « C’est très difficile de s’attaquer à l’œuvre de Tolkien, nous a-t-il confié en entrevue téléphonique. Tout le monde a une opinion sur le sujet, je sais que ce sera difficile de plaire à tout le monde. Chaque personne a des idées préconçues et s’attend à trouver quelque chose de précis dans un film sur la vie de Tolkien. Mais je dois rester fidèle à mon interprétation. »

On peut établir un autre parallèle entre la mission de Frodon d’aller détruire l’Anneau unique au cœur du Mordor et celle de Dome Karukoski : le réalisateur de 42 ans s’aventure pour la toute première fois en territoire hollywoodien. Toutefois, son portfolio en Finlande est relativement bien garni et, surtout, il connaît bien l’œuvre de Tolkien. Il croit ainsi avoir été en mesure de trouver le bon ton pour parler de la vie de celui qui est considéré comme le père de la littérature fantastique. 

PHOTO JOEL C RYAN, ASSOCIATED PRESS

Nicholas Hoult a la lourde tâche d’incarner le jeune Tolkien.

Selon lui, trois types de spectateurs vont se retrouver en salle pour voir son film : les purs et durs qui connaissent la vie de Tolkien en détail, ceux qui ont lu les livres et vu les films, et enfin ceux qui ne connaissent ni l’œuvre ni son auteur. « En toute honnêteté, j’ai d’abord essayé de tourner un bon drame pour ces gens-là, a indiqué le cinéaste. Mais je suis aussi un amateur de Tolkien — j’ai commencé à lire ses livres à 12 ou 13 ans. Si j’ai réussi à satisfaire mon appétit, je crois que les amateurs vont y trouver leur compte. Aussi, je savais que fouiller dans la jeunesse de Tolkien allait bien servir le scénario, car il s’agit d’une histoire d’amour et d’amitié. Aussi, c’est la période qui a défini son parcours de vie. »

L’amitié et de l’amour

Karukoski a ainsi fait le pari d’aborder l’adolescence jusqu’aux premières années de la vie adulte de Tolkien, quand il s’est retrouvé sur le front de la bataille de la Somme, en France — l’un des épisodes les plus sanglants de la Première Guerre mondiale. Le cinéaste a toutefois voulu rendre compte de cet événement déterminant en l’abordant à travers le spectre de l’amitié et de l’amour, deux thèmes centraux dans l’œuvre de Tolkien, qu’il va découvrir pendant sa jeunesse.

Bien sûr, tous ces événements vont nourrir l’imaginaire et la fantaisie qui demeurent au cœur de la création de Tolkien, qui entretenait une fascination pour la mythologie et les langues, notamment scandinaves et anglo-saxonne. Le film y fait écho à l’aide de clins d’œil qui sont autant de références au Seigneur des anneaux, au Hobbit et au Silmarillion, les principales œuvres de J.R.R. Tolkien. Dome Karukoski devait ici aussi plaire tant à l’amateur ouvert à la chose fantastique qu’au spectateur lambda. 

PHOTO DAVID APPLEBY. FOURNIE PAR TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION

Dome Karukoski, cinéaste finlandais, est pleinement conscient 
de l’ampleur du défi auquel il fait face.

« C’est en effet une question délicate, a-t-il reconnu. En tant que fan de Tolkien, j’aurais peut-être voulu davantage d’accents fantastiques, mais comme réalisateur, je tenais à ce que chaque élément fantaisiste provienne des personnages. Il s’agissait d’une façon d’exprimer les émotions vécues par Tolkien. »

Enfin, c’est à Nicholas Hoult (Mad Max : Fury Road, X-Men) que Dome Karukoski a confié la lourde tâche d’incarner le jeune Tolkien, un choix qui s’est imposé avant même qu’il n’ait achevé son scénario. « Je n’étais pas encore fixé sur le genre de film que je voulais faire, mais quand j’ai vu jouer Nicholas dans le film Sand Castle sur Netflix, je savais qu’il serait en tête de ma liste, nous a révélé le réalisateur. Et quand on s’est rencontré, j’ai tout de suite su que ça devait être lui ; il est intelligent, espiègle et maladroit, comme l’était Tolkien. »

Tolkien est en salle en versions originale et française.