Le festival Cinemania s’ouvrait jeudi en présence de la comédienne belge Marie Gillain, qui, dans un Focus qui lui est consacré, accompagne quatre films où elle tient la vedette, en plus de participer à une table ronde. En entrevue avec La Presse, elle dit s’intéresser de plus en plus à des personnages qu’elle qualifie de nécessaires.

Cet événement Focus que lui consacre Cinemania signifie indéniablement que Marie Gillain a du métier. Au grand écran, elle a touché un peu à tout. Et si, depuis quelques années, elle a refusé quelques propositions, elle a réalisé un premier « court » et coécrit actuellement le scénario d’un premier long métrage.

Qu’aimerait-elle jouer, au cinéma, dans l’avenir ? 

« Ce qui m’intéresse de plus en plus, c’est des personnages dont l’intimité nous bouleverse et qui possèdent quelque chose d’universel, dit la souriante actrice arrivée mercredi soir à Montréal, ville qu’elle connaît bien. J’aime les personnages qui parlent de nos fêlures communes et de la société dans laquelle on vit. Des gens combatifs. Je souhaite avoir accès à des personnages nécessaires. »

Dans ce registre, le cinéphile retiendra sans doute le lumineux personnage de Claire Conti, jeune juge d’instance qui, dans le film Toutes nos envies de Philippe Lioret, est atteinte d’un cancer incurable. Face à la mort, Claire se bat jusqu’à son dernier souffle pour le bien des pauvres exploités par des compagnies de crédit. « Un film qui a profondément ravivé mon envie d’être une actrice », dit-elle (voir plus bas).

« Il y a une fraîcheur constante dans son jeu, souligne Guilhem Caillard, directeur général de Cinemania, très heureux d’avoir invité Marie Gillain pour le 25e anniversaire du festival. Elle a une joie du jeu qui est constante dans sa carrière. »

« Cette invitation, inattendue, me fait très plaisir, indique la comédienne de 44 ans. On m’invite à présenter quatre de mes films qui reviennent à la lumière. C’est émouvant de se dire : “Tiens ! Je vais présenter ce film qui représente un moment particulier de ma vie.” »

Traits communs

Née et élevée en Belgique, la comédienne souligne que les contes pour tous La guerre des tuques et Bach et Bottine font partie de son histoire d’enfant. Aujourd’hui, elle s’intéresse toujours au cinéma québécois. Selon elle, il a des traits communs avec le cinéma belge.

« On y retrouve le même sens de l’autodérision, observe-t-elle. On fait des films bouleversants et qui abordent des sujets intimes et qui, en même temps, sont tissés de folie, de fantaisie, de poésie et d’humour. J’ai par exemple adoré le long métrage La femme de mon frère de Monia Chokri. C’est très… frappadingue, déjanté, hyper fantaisiste, un peu fou, mais aussi totalement incarné et universel. »

Ce vendredi soir (à 18 h), à la Cinémathèque québécoise, elle participera à une table ronde sur le thème « Cinéma francophone féminin : quel état des lieux ? ». Animée par la journaliste Helen Faradji, cette rencontre suivra la présentation du documentaire Cinéma, au féminin pluri(elles) de Patrick Fabre, qui revient sur la montée de 82 femmes sur les marches du Festival de Cannes en mai 2018.

Très honnêtement, j’ai envie d’écouter tout ce que ces femmes ont à dire. Je pourrai amener ce que je connais, soit ma sensibilité d’artiste, de femme actrice.

Marie Gillain

Elle s’intéresse notamment aux rapports entre metteurs en scène et actrices : « Certains aiment qu’on s’implique dans le projet, mais d’autres sont beaucoup plus réticents. »

Dans son propre cas, elle voit le processus de création dans une forme de compagnonnage. « J’aime cette idée de troupe, de coréalisation, d’écriture où chacun amène ses idées, dit-elle. C’est pour cela que j’aime autant les comédiens. Ils font partie intégrante du processus de création. »

Marie Gillain en quatre films

Marie de Marian Handwerker (1993)

IMAGE FOURNIE PAR SAGA FILMS

L’affiche du film Marie

« Mon second film porte sur le voyage, le parcours initiatique d’un petit garçon partant à la recherche de ses racines. C’était encore pour moi la période de l’insouciance, où tout était possible et où le cinéma était un grand voyage coloré. »

À la Cinémathèque québécoise, samedi, à 14 h 30

Les affinités électives des frères Taviani (1997)

PHOTO FOURNIE PAR FILMTRE

Une scène du film Les affinités électives

« J’y incarnais une jeune anorexique alors que je suis très gourmande. Nous étions en Italie et cette gastronomie italienne me rendait dingue. Ça n’allait pas du tout avec le personnage. Les frères Taviani avaient dit à toute l’équipe de me surveiller de près alors que ma mère me filait des pâtes en cachette [rires]. »

Déjà projeté

Ni pour ni contre (bien au contraire) de Cédric Klapisch (2003)

IMAGE FOURNIE PAR VERTIGO

Une scène du film Ni pour ni contre (bien au contraire)

« Un film de bande. J’étais avec mes copains et j’avais l’impression d’être un mec. C’était génial ! On dégage tous des énergies particulières et on doit savoir brouiller les pistes. Dans mon cas, on m’a longtemps définie comme la jeune fille angélique alors que Klapisch m’a permis de vivre la double facette de l’ange et du démon. »

À la Cinémathèque québécoise, samedi, à 20 h 30

Toutes nos envies de Philippe Lioret (2011)

PHOTO FOURNIE PAR FIN AOÛT PRODUCTIONS

Une scène du film Toutes nos envies

« Ce film a, très profondément, ravivé mon envie d’être une actrice. Il y a des moments dans la vie où l’on devient passif, où l’on rêve de personnages qu’on ne nous propose pas. Quand j’ai reçu le scénario pour lequel j’ai dû batailler, j’ai ressenti à nouveau le feu sacré et cette faculté à déplacer des montagnes. Le personnage m’a beaucoup marquée. »

À la Cinémathèque québécoise, vendredi, à 20 h