(Los Angeles) Pendant qu’avait lieu à Montréal la première de Matthias et Maxime, dans lequel il a un rôle de soutien, Harris Dickinson participait à Los Angeles à une rencontre de presse organisée en marge de la sortie prochaine de Maleficent : Mistress of Evil. Dans cet entretien, il est question de Xavier Dolan, de choix artistiques, de notoriété et de… prince charmant !

Le nom du jeune acteur londonien ne court peut-être pas encore sur toutes les lèvres, mais cela pourrait changer très bientôt. Révélé sur la scène cinématographique il y a deux ans grâce à Beach Rats, un film d’Eliza Hittman dans lequel il incarnait un ado confus face à ses désirs et à son identité sexuelle, Harris Dickinson est aujourd’hui le prince amoureux de la princesse Aurora dans Maleficent : Mistress of Evil, une superproduction du studio Disney. Entre les deux, le comédien a accepté le rôle que lui a offert Xavier Dolan dans Matthias et Maxime.

PHOTO SHAYNE LAVERDIÈRE, FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

Harris Dickinson (à gauche) sur le plateau de Matthias et Maxime, de Xavier Dolan

« Xavier m’a d’abord écrit pour me dire qu’il souhaitait travailler avec moi, a-t-il expliqué dans une entrevue accordée à La Presse. J’en étais ravi, car j’admire déjà ses films depuis un bon moment. J’aime sa démarche et les thèmes qu’il aborde dans son cinéma. Sa ténacité aussi. Quand il m’a proposé ce rôle, j’ai dit oui, absolument. Il s’agit d’un personnage de soutien et mon séjour à Montréal a duré seulement une semaine, mais ce fut très amusant. J’ai adoré cette expérience. »

Un personnage surprenant

Dans Matthias et Maxime, Harris Dickinson incarne un jeune professionnel un peu lourd venu de la branche torontoise de la firme d’avocats pour laquelle travaille Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas). Ce dernier doit « divertir » le jeune homme pendant son séjour dans la métropole québécoise.

J’ai été un peu surpris que Xavier m’offre ce genre de personnage. J’aimais l’idée de ce gars un peu étrange, un peu irritant, parce qu’avec ce genre de rôle, tu peux t’amuser en tant qu’acteur. Xavier a peut-être vu quelque chose en moi que je ne soupçonnais pas.

Harris Dickinson

Le comédien a particulièrement apprécié l’atmosphère que le réalisateur a créée sur son plateau. « Tu sens la complicité qu’a l’équipe technique avec lui, et dans ce cas-ci, il était aussi entouré de ses amis. Dans un environnement aussi confortable, on peut s’abandonner plus facilement et offrir quelque chose d’un peu plus particulier. J’ai vu le film en projection privée et je l’ai trouvé formidable. »

PHOTO MARIO ANZUONI, REUTERS

Les acteurs Harris Dickinson, Sam Riley, Jenn Murray, Michelle Pfeiffer, Angelina Jolie, Elle Fanning, Chiwetel Ejiofor, Ed Skrein et le réalisateur Joachim Ronning étaient de la première de Maleficent : Mistress of Evil,
à Los Angeles, lundi.

Sous le choc

Quelques jours après la sortie québécoise de Matthias et Maxime, le 9 octobre, le monde entier aura l’occasion de voir Harris Dickinson revêtir les atours d’un prince charmant dans Maleficent : Mistress of Evil, la suite du film à succès sorti il y a cinq ans. L’acteur, âgé de 23 ans, y donne la réplique à Angelina Jolie, Elle Fanning et Michelle Pfeiffer.

« Je ne m’attendais jamais à devenir un prince dans un film de Disney, mais vraiment pas ! », s’amuse-t-il, en laissant entendre que cette image est tellement loin de sa personnalité qu’il n’aurait jamais pu imaginer y correspondre.

À vrai dire, j’ai été un peu sous le choc quand j’ai eu vent de ce projet, d’autant plus que tout s’est passé très vite. On m’a offert le rôle deux jours après m’avoir fait passer une première audition !

Harris Dickinson

Le comédien a quand même dû s’ajuster au début du tournage. La posture, la voix, le costume. « J’ai dû entrer dans un univers de grandeur et je ne suis pas habitué à ce monde-là, ni à être ce genre de personne. Ça représentait un beau défi pour moi. »

Ce défi aura en outre été de donner un peu d’épaisseur à un personnage de prince charmant qui correspond avant tout à un archétype : celui du beau gosse un peu passif à qui il arrive finalement peu de choses. D’autant plus que dans le cas de Maleficent : Mistress of Evil, le récit est porté par trois personnages féminins forts.

« Dans le contexte de l’univers de Disney, le plus dur était de créer un prince plus complexe, plus intéressant, explique l’acteur. Avec Joachim [Rønning, le réalisateur], on a pu dessiner — du moins, je l’espère — un personnage ayant plusieurs facettes, qui élargit aussi un peu le spectre de la masculinité. Je crois qu’on y parvient un petit peu. »

L’autre défi qu’aura probablement à relever Harris Dickinson sera de composer avec une nouvelle notoriété. Il y a fort à parier que partout dans le monde, des milliers de jeunes personnes commenceront à rêver au beau prince charmant qu’ils verront dans le nouveau volet d’un conte de fées inspiré par La belle au bois dormant.

« Je n’aime pas trop y penser, dit-il. Pour l’instant, je me sens seulement privilégié d’avoir pu travailler sur une production de cette ampleur avec des gens incroyables. Évidemment, il faut se préparer mentalement à l’idée que le film rejoindra un public beaucoup plus large, mais ça ne change pas vraiment mon approche personnelle, dans la mesure où je compte toujours choisir des projets dont je peux être fier, peu importe leur dimension. Qu’ils empruntent la forme d’un long métrage indépendant destiné à un public plus confidentiel ou d’une superproduction hollywoodienne à dimension planétaire ne change rien à mes yeux. »

De la Marine au cinéma

Le jeu a toujours intéressé Harris Dickinson, mais à l’âge de 17 ans, après avoir fait partie des cadets de la Marine pendant quatre ou cinq ans, il a failli se joindre à la Marine royale britannique. C’était pour lui une façon de donner un sens à sa vie.

« Ma professeure d’art dramatique m’en a dissuadé, raconte-t-il. Elle estimait que j’avais assez de talent pour, peut-être, faire une carrière de comédien. Honnêtement, je ne m’en sentais pas digne, mais je me suis mis à travailler très fort. Je m’estime très chanceux d’avoir pu décrocher d’aussi beaux rôles déjà, mais cela s’est fait au prix de certains sacrifices quand même. »

C’est-à-dire ?

« C’est-à-dire qu’aussi extraordinaire que soit ce métier, rien n’arrive sans effort ni sacrifice. Il y a eu des périodes où je gagnais ma croûte en acceptant divers travaux et j’allais passer des auditions en même temps. Tu as 18 ou 19 ans et, au moment où tous tes amis sortent pour aller faire la fête, tu ne peux pas les suivre parce que tu ne peux pas te le permettre. Les journées de travail étant parfois très longues, tu vois moins tes proches. Cela dit, je ne me plains pas, bien au contraire. Je fais ce que j’aime et chaque projet me permet d’en apprendre un peu plus sur moi-même. Tout m’intéresse, peu importe l’endroit dans le monde. J’aime repousser les limites. »

Matthias et Maxime prend l’affiche le 9 octobre.

Maleficent : Mistress of Evil (Maléfique : Maîtresse du mal en version française) prend l’affiche le 18 octobre.