(Los Angeles) Aladdin, lancé en 1992, est considéré comme l’un des meilleurs films d’animation réalisés par Disney. Est-il pertinent de donner vie à Aladdin, à la princesse Jasmine et au Génie dans une nouvelle version en prise de vues réelles ? Oui, estiment les créateurs du long métrage, qui prendra l’affiche vendredi. Car il sera porteur d’un message d’ouverture culturelle et d’affirmation de soi.

Will Smith (Fresh Prince of Bel-Air, Men in Black, Independence Day), qui reprend le rôle du Génie, avait peur de ne pas être à la hauteur lorsqu’il a entrepris le tournage, a-t-il avoué dimanche, lors d’une conférence de presse.

« Robin Williams n’a pas laissé beaucoup de place à l’amélioration, a expliqué l’acteur et rappeur. La chanson A Friend Like Me m’a aidé à surmonter mes craintes. La première journée dans le studio, je me suis mis à jouer avec elle pour voir ce que je pouvais ajouter. J’ai intégré un peu de hip-hop et de soul. Après 30 minutes, je me suis senti à ma place. Le génie est vraiment issu de la musique. »

Will Smith est le seul acteur connu de la distribution. Les autres rôles ont été attribués à la suite d’un processus qui a duré un an. Environ 2000 acteurs ont passé des auditions un peu partout, de l’Angleterre en Égypte en passant par Abou Dhabi et l’Inde. Le but ? Découvrir des nouveaux venus qui incarnent la diversité du Moyen-Orient.

« Je suis extrêmement fier de la représentation ethnique, la plus diversifiée dans un film de Disney », a indiqué Mena Massoud, qui tient le rôle d’Aladdin. Né en Égypte, il a grandi à Toronto.

« Je suis excité que des petites filles et des petits garçons puissent voir des gens qui leur ressemblent à l’écran. Cela m’a manqué en grandissant. »

Le réalisateur Guy Ritchie (Sherlock Holmes, The Man from U.N.C.L.E., King Arthur : Legend of the Sword) a accepté de relever le défi à la demande de sa famille, qui voulait qu’il réalise un film qu’ils pourraient tous regarder ensemble.

« J’ai cinq enfants, dont le plus vieux a 18 ans, a expliqué celui qui a déjà partagé la vie de Madonna, a eu un fils avec elle et en a adopté un autre. Ma femme est une grande fan de Disney. J’étais prêt à faire quelque chose dans cet univers. »

Faire une comédie musicale l’intéressait. Il a contribué au scénario, étoffant surtout le personnage de Jasmine.

« Aladdin, un petit voleur à la recherche de qui il est réellement, était déjà complexe, a-t-il souligné. Le Génie avait les mains pleines. Il restait Jasmine, qui était plutôt passive dans le film d’animation. On lui a donné une voix, dans un contexte d’égalité des genres. »

Nouvelle chanson pour Jasmine

Alan Manken, qui a composé la musique et les chansons de plusieurs grands classiques de Disney (dont Aladdin, La petite sirène, La belle et la bête), a fait de nouveaux arrangements pour mieux mettre en valeur le talent de Will Smith. Il a aussi composé une nouvelle chanson pour Jasmine, Speechless, de concert avec Benj Pasek et Justin Paul (La La Land, The Greatest Showman).

Naomi Scott (Power Rangers), d’origine sud-asiatique et qui a grandi à Londres, interprète Jasmine. « J’ai cherché à la rendre humaine, à lui donner de la profondeur », a-t-elle expliqué.

Will Smith effectue un retour après avoir pris ses distances du milieu artistique pendant quelques années, pour se ressourcer spirituellement. « Je me suis demandé quel genre de message ce film véhiculait, si j’étais en accord avec les idées défendues. Ce film arrive à point. » 

« C’est important de raconter des histoires avec des couleurs et des textures d’un peu partout dans le monde. Ce genre d’inclusion, de diversité est crucial pour créer de l’harmonie. »

Le personnage du Génie, a-t-il précisé, a été entièrement créé par ordinateur.

Histoire d’amour, décors réalistes

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

La directrice artistique Gemma Jackson (de face) a eu beaucoup de plaisir à créer les décors, d’une grande envergure. Elle s’est efforcée de les rendre les plus réels possibles.

Le long métrage demeure une histoire d’amour entre Aladdin et la princesse Jasmine, rendue plus contemporaine. Pour lui donner davantage de profondeur, une relation d’amitié se noue entre Aladdin et le Génie. Un nouveau personnage a aussi été créé, celui de Dalia (Nasim Pedrad), la confidente de la princesse.

Pour créer les décors d’Aladdin, Guy Ritchie a de nouveau fait appel à la directrice artistique Gemma Jackson (Game of Thrones, saisons 1, 2 et 3, King Arthur : Legend of the Sword).

« Je n’ai jamais créé de décors d’une telle envergure, a-t-elle indiqué en entrevue. C’était nécessaire, à cause de ce qu’exigeaient les numéros de danse et l’action, qui se passe dans la ville portuaire imaginaire d’Agrabah, en Arabie, de même que dans le palais et dans les environs, qu’Aladdin et Jasmine survolent en tapis volant. Les décors étaient comme une créature qui ne cessait de grandir. »

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

Will Smith, qui reprend le rôle du Génie, interprété avec brio par Robin Williams dans le film d’animation, a eu peur au début de ne pas être à la hauteur. La musique lui a donné confiance. Son personnage a été entièrement créé par ordinateur.

Le numéro le plus spectaculaire a ainsi mis en scène 250 danseurs et 200 figurants lors de l’arrivée grandiose d’Aladdin au palais, sur un chameau de 30 pieds de haut, au son de la chanson Prince Ali.

« L’idée et le scénario provenaient de Disney, a-t-elle précisé. Guy Ritchie a apporté une touche surréaliste. Il voulait qu’il y ait un contexte social. Ce qui rend l’histoire beaucoup plus intéressante. J’ai aimé créer ce monde où de vraies choses se passaient. Il y avait de la pauvreté, des vols, des enfants qui avaient faim. C’était d’autant plus important de créer un monde qui avait l’air vrai. Des portes et des fenêtres provenaient par exemple du Maroc et des produits faits à la main sont venus de l’Inde. »

Fascinée par le Moyen-Orient et la Perse, elle a intégré beaucoup de couleurs vibrantes dans les décors, construits dans deux studios au Royaume-Uni. L’équipe s’est aussi déplacée en Jordanie.

« Le sentiment d’espace, dans le désert, était incroyable, s’est-elle exclamée. Se trouver dans l’immensité du désert, après l’action au rythme effréné dans les rues d’Agrabah, c’était la chose parfaite à faire. On comprend que la ville se trouve au bord de la mer et à l’orée du désert. »

Dans les pas de Lawrence d’Arabie, la dimension épique du film n’est que plus forte.

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Disney.