Sur plus de 100 ans, les répercussions du système des pensionnats canadiens sont racontées à travers le combat générationnel de la famille de la matriarche crie Aline Spears face à la famine, au racisme et aux agressions sexuelles systémiques.

L’ombre des corbeaux met en lumière un chapitre sordide de l’histoire du Canada, qui se doit d’être raconté pour rattraper les décennies d’ignorance. À cet égard, le long métrage de Marie Clements est une réussite. En retraçant le complexe parcours de la matriarche crie Aline Spears, de son enfance dans le système des pensionnats canadiens jusqu’à son combat qui l’a menée au Vatican, la réalisatrice métisse révèle des vérités longtemps dissimulées.

Toutefois, le film de plus de deux heures est beaucoup trop dense. C’est un sujet vaste, qui mérite qu’on s’attarde à chacun de ses détails. Le rythme fait en sorte qu’il est difficile de prendre le temps d’absorber la matière et de réaliser l’ampleur et le poids de la souffrance des personnages.

C’est un film sur le trauma, mais qui est enrobé d’un vernis dramatique trop épais pour que l’émotion nous imprègne. Les sauts dans le temps fréquents, les prises de vues aux perspectives exagérées et l’enchaînement précipité des scènes en font malheureusement une œuvre dont la forme n’égale pas l’importance du propos.

PHOTO FOURNIE PAR ELEVATION PICTURES

Rémy Girard dans une scène de L’ombre des corbeaux

On aurait aimé en savoir un peu plus sur le métier de transmetteuse en code cri qu’Aline Spears a pratiqué pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet élément est malheureusement négligé, au profit d’une intrigue romantique peu crédible et ennuyeuse. Interprétée par trois différentes actrices (en ordre chronologique : Summer Testawich, Grace Dove et Carla Rae), la protagoniste est fascinante, et incarne superbement l’histoire. Mieux et plus sobrement exécuté, le récit aurait rendu davantage justice à l’histoire.

Certains moments sont cependant très lumineux et offrent une belle perspective sur la richesse d’une vie, dans ce qu’elle a de plus beau et de plus laid. Notons les magnifiques scènes de danse et de chants, qui mettent si bien en valeur la culture autochtone. Il se dégage beaucoup de puissance de ce film, malgré ses lacunes.

À la toute fin, de percutants témoignages de survivants ajoutés au montage complètent brillamment l’expérience. Il est bon de sortir du cadre fictif pour, justement, prendre bien conscience que l’horripilante histoire qu’on vient de nous raconter n’a rien d’un mythe.

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L’ombre des corbeaux

Drame

L’ombre des corbeaux

Marie Clements

Avec Grace Dove, Phillip Lewitski, Rémy Girard,

Karine Vanasse et Alyssa Wapanatâhk

2 h 04

5,5/10