Une jeune Mexicaine traverse illégalement la frontière américaine et trouve le soutien d’un ancien soldat de la marine qui l’aidera à retrouver la meilleure amie de sa mère récemment assassinée. Cette dernière tient une boîte où l’on célèbre la musique et la danse.

Réinventer au cinéma l’un des opéras les plus populaires de l’histoire ? Pourquoi pas. Carlos Saura y était magnifiquement parvenu il y a 40 ans en imaginant l’œuvre de Bizet dansée en flamenco sous les accords de guitare de Paco de Lucia. Il ne restait rien des airs originaux, mais l’esprit, le feu, la passion contenus dans l’histoire de la jeune héroïne étaient préservés.

Benjamin Millepied, qui signe ici un premier long métrage à titre de cinéaste après avoir connu une glorieuse carrière de danseur et de chorégraphe, a un peu emprunté la même approche, mais le résultat, disons-le, est un peu moins heureux. Sa vision de Carmen n’a pratiquement plus rien à voir avec l’opéra que tout le monde connaît, ni sur le plan musical ni sur celui de la trame narrative. Les spectateurs qui s’attendraient à voir une transposition classique similaire à celle qu’a offerte Francesco Rosi en 1984 (avec Julia Migenes et Placido Domingo) seront ici amèrement déçus.

Sur une toute nouvelle trame musicale, composée par Nicholas Brittell (déjà cité trois fois aux Oscars), Benjamin Millepied a eu l’ambition – trop grande peut-être – de jeter un regard plus contemporain sur une œuvre créée au XIXe siècle. Pour ce faire, il transpose l’intrigue à notre époque et la situe à la frontière séparant le Mexique des États-Unis. L’intention est manifestement d’évoquer l’un des grands enjeux auxquels le monde fait face, tout en dressant le portrait d’une jeune femme indépendante, qui existe autrement que dans le regard des hommes.

Si on trouve quelques scènes touchées par la grâce (la danse dans laquelle s’engage la mère de Carmen – Marina Tamayo – n’est pas sans évoquer le film de Carlos Saura), force est de reconnaître la nature plus désincarnée du récit. Melissa Barrera (Carmen) a une belle présence à l’écran, mais son personnage est empêtré dans une intrigue plus ou moins crédible, peu convaincante sur le plan sentimental. On louera la façon dont est montré le lien se tissant entre Carmen et la meilleure amie de sa mère (Rossy de Palma) au cours de séquences où les deux femmes sont magnifiées, mais la rencontre avec Aidan (Paul Mescal), un ancien soldat de la marine, ne produit pas l’effet escompté. Parce que, comme chacun sait, l’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser.

Carmen est à l’affiche en version originale espagnole et anglaise avec sous-titres français.

Carmen

Drame

Carmen

Benjamin Millepied

Avec Melissa Barrera, Paul Mescal, Rossy de Palma

1 h 56
En salle

6/10

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