Jaime, une adolescente lesbienne, est envoyée chez son oncle et sa tante Témoins de Jéhovah à la suite de la mort de son père. Elle établit un lien inattendu avec Marike, la fille d’un Témoin éminent. Mais lorsque leur attirance devient trop évidente pour être cachée, la communauté tente de les séparer, les forçant à faire un terrible choix.

Première œuvre du duo formé des Canadiens Sarah Watts et Mark Slutsky, You Can Live Forever (Tu peux vivre éternellement en version française) est un film sur le passage à l’âge adulte (coming-of-age) sensible et généreux. Il met en scène la rencontre amoureuse de deux adolescentes évoluant dans une communauté dans laquelle la religion règne dans les années 1990.

Se déroulant au Saguenay – mais en anglais, la plupart du temps –, le film s’intéresse à une communauté de Témoins de Jéhovah locale, dont font partie la tante et l’oncle de Jaime (Anwen O’Driscoll). C’est à la suite de la mort de son père et de la dépression de sa mère que la jeune femme quitte Thunder Bay pour aller vivre avec eux au Québec.

Sous les regards inquiets et moralisants de ses proches, Jaime fera la rencontre de Marike (June Laporte), avec qui elle développera une complicité au-delà de l’amitié. La connivence entre les deux comédiennes est admirable et insuffle beaucoup de réel à la rencontre romantique. Le film est ponctué de scènes intenses, puissantes et intimes, qui sont bouleversantes grâce à un tango équilibré entre les interprètes.

Comme beaucoup (trop) de films sur la jeunesse LGBTQ+, You Can Live Forever s’articule autour de traumatismes, de déchirements et de douleur. L’œuvre réussit à nous bouleverser, certes, mais soulevons qu’il serait bienvenu de s’éloigner davantage de ces thèmes pour dépeindre la vie des personnes issues de la diversité sexuelle au cinéma.

Étrangement, l’époque à laquelle se déroule le récit – les années 1990 – nous semble tantôt à l’honneur, tantôt négligée. Les cigarettes en cachette, le grunge et les consoles de jeu rétro mettent bien la table dès le début du film, mais les dialogues nous semblent plutôt ancrés en 2023.

La volonté de ne pas faire de la foi l’antagoniste et de présenter le point de vue des Témoins de Jéhovah de façon équitable rend, à certains moments, notre adhésion au récit plus difficile. On dépeint tout de même très intelligemment les conséquences, parfois préjudiciables, des croyances dogmatiques.

Bien que le film soit une fiction, le fait que Sarah Watts a elle-même grandi lesbienne dans une communauté de Témoins de Jéhovah a sûrement sa part de mérite pour ce scénario empathique et consciencieux.

You Can Live Forever est un premier effort réussi qui donne hâte de découvrir ce que nous offrira l’équipe de cinéastes dans l’avenir.

En salle

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You Can Live Forever (V. F.: Tu peux vivre éternellement)

Drame

You Can Live Forever (V. F.: Tu peux vivre éternellement)

Sarah Watts et Mark Slutsky

Avec Anwen O’Driscoll, June Laporte, Liane Balaban, Hasani Freeman et Antoine Yared

1 h 36

7/10