Des images d’archives, professionnelles et amateurs, nous ramènent au cœur des manifestations qui ont secoué le Québec entier en 2012.

Oubliez ici les casseroles. Et vos souvenirs romantiques d’un certain printemps érable. Au menu, pensez plutôt bombes lacrymogènes, vitres brisées et visages masqués. Avant que ce ne soit sanitairement exigé.

2012 / Dans le cœur nous replonge en effet au cœur des manifestations de l’époque, comme si on y était. Et pas des plus pacifistes, disons. Plutôt les émeutes qui ont sans doute le plus dégénéré : du Palais des congrès aux rues de Montréal la nuit en passant par le fameux congrès du Parti libéral, exporté à Victoriaville.

Pendant plus d’une heure, les images de cris d’un côté, coups de matraque de l’autre, vitres brisées, projectiles lancés, quand ce ne sont pas carrément des gaz irritants, des balles de plastique ou des grenades assourdissantes, défilent à l’écran. Musique tonitruante de circonstance incluse.

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Scène du documentaire 2012 / Dans le cœur

Oui, c’est violent. Limite insupportable à regarder, en fait. Si vous doutiez de la brutalité dont sont (et ont été) capables les policiers, vous allez être servi. À la pelle.

D’ailleurs, et avant d’aller plus loin, une précision : ceci n’est pas vraiment un documentaire. Mais plutôt un film d’auteurs, engagés par-dessus le marché, anarchistes assumés. Et on le serait à moins : le coréalisateur Arnaud Valade est le frère de Maxence Valade, qui a perdu un œil lors d’une manifestation, heurté violemment par un projectile. On aurait aimé que ce soit mentionné, pour une franche transparence.

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Scène du documentaire 2012 / Dans le cœur

Ça vous donne une idée du ton, porté par une narration laconique signée Safia Nolin, et du parti pris, lequel frise malheureusement par moments la désinformation. « Dès les débuts de la grève de 2012, les grands réseaux de télévision relaient la voix du gouvernement et les journaux reproduisent fidèlement les communiqués de presse de la police pour décrire les manifestations », dit-on, entre autres idées reçues sur les « médias de masse », qu’on voit par ailleurs ici abondamment à l’écran (alors que les porte-parole des manifestants sont quant à eux totalement absents, un choix étonnant qui se défend). Un peu plus et on les entend crier aux « merdias ». C’en serait presque risible, si ça n’était pas aussi fâchant, sachant que des collègues ont été à l’époque arrêtés en plein exercice de leur métier lors de ces fameuses et brutales manifestations. Alors non, « la police, les médias et les gouvernements » ne se sont pas « ligués ». Une phrase douteuse parmi d’autres dont on se serait passé.

Tout ce discours nuit à la cause, et c’est dommage, parce que cela étant dit, ce film vaut évidemment le détour. Il a d’ailleurs obtenu le prix Coup de cœur du public au Festival du nouveau cinéma en octobre dernier. Les images d’archives ont une valeur historique certaine. Et plusieurs parallèles historiques ne sont pas sans intérêt : la création de la police, les premiers usages des balles plastiques et le recours à différentes lois d’exception au fil du temps font évidemment réfléchir. Une réflexion qui s’impose, si on veut tirer la moindre leçon de cet immense gâchis.

En salle

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2012 / Dans le cœur

Long métrage documentaire

2012 / Dans le cœur

Rodrigue Jean et Arnaud Valade

1 h 17

6/10