Adoptée et élevée en France, une femme de 25 ans part à la recherche de ses origines en Corée du Sud.

Les récits sur le retour aux sources sont nombreux au cinéma. Ce sont généralement des histoires formatées où le protagoniste subit maintes transformations avant de finalement retrouver sa famille et de faire la paix avec elle. Retour à Séoul de Davy Chou rompt avec ce moule en étant beaucoup plus complexe et réaliste.

En effet, il n’y a aucun lieu commun ici. Que les rêves, les espoirs et les désenchantements de Freddie (Park Ji-Min) qui doit apprendre à jongler avec ses héritages français et coréen. Peu importe si sa quête finit par se heurter à un mur. L’important est le voyage accompli, étrange et imprévisible, qui culmine après de nombreuses ellipses par des séquences particulièrement crève-cœur.

Cette ambitieuse odyssée identitaire prend le chemin du récit initiatique, du mélo et du portrait de femmes. Il faut d’ailleurs remonter loin pour trouver une héroïne aussi éblouissante. Fantasque, Freddie semble sans cesse se (re)construire au fil des rencontres et des péripéties. En ignorant qui elle est, elle peut devenir tout ce qu’elle désire.

Le film appartient ainsi complètement à son interprète Park Ji-Min. L’artiste plasticienne qui en est à son premier rôle au cinéma est un véritable diamant brut. Son énergie flamboyante et la finesse de son jeu rendent ce personnage insaisissable d’autant plus attachant qu’il passe par toute la gamme des émotions… et parfois dans la même scène!

La réalisation lui est entièrement dévouée. La caméra la suit notamment dans ses périodes d’allégresse par une utilisation astucieuse du montage lors des vibrants moments dansés, avant de littéralement l’enfermer seule à l’écran afin de faire rejaillir sa solitude.

Cinéaste français d’origine cambodgienne, Davy Chou comprend bien cette dualité qu’il utilise à des fins cinématographiques. Comme dans son précédent et excellent Diamond Island, il convie ses influences orientales que sont Wong Kar-wai, Jia Zhangke et autres Tsai Ming-liang pour mieux les combiner à des inspirations occidentales, Michael Mann en tête.

L’amalgame qui prend forme permet à Retour à Séoul de séduire et d’éblouir, transcendant ses moments de flottements au profit d’un long métrage d’une grande richesse, en complète rupture avec les œuvres du même genre.

Retour à Séoul est présenté en version originale avec sous-titres français et sous-titres anglais.

Retour à Séoul

Drame

Retour à Séoul

Davy Chou

Avec Park Ji-Min, Oh Kwang-rok, Guka Han

1 h 55
En salle

8/10