En 2012, lors de la sortie d’un film librement inspiré de son passé de danseur exhibant son corps dans des spectacles réservés à un public féminin, Channing Tatum avait déclaré à La Presse vouloir faire de Magic Mike le Saturday Night Fever du monde de la danse érotique.

Appuyé par le cinéaste Steven Soderbergh, l’acteur avait su donner une dimension intéressante à une histoire quand même un peu substantielle, dans la mesure où elle comportait aussi un aspect social. On pouvait en dire autant de Magic Mike XXX trois ans plus tard (dont la réalisation fut cette fois assurée par Gregory Jacobs), axé davantage sur l’esprit de camaraderie entre les danseurs.

Hélas, il y a tout lieu de croire que Magic Mike’s Last Dance (Magic Mike – Dernière danse en version française) sera aux aventures de Mike Lane ce que Staying Alive, réalisé par Sylvester Stallone, a été pour celles de Tony Manero. En cours de route, on se demande même si le numéro qu’on prépare pendant tout le film ira rejoindre au panthéon des chorégraphies risibles l’infâme Satan’s Alley d’il y a 40 ans.

Ce pétard mouillé étonne d’autant plus que Steven Soderbergh, dont la filmographie est très riche (elle compte en outre un long métrage gratifié d’une Palme d’or à Cannes – Sex, Lies and Videotape – et un autre lauréat de l’Oscar de la meilleure réalisation – Traffic), a repris du service à la réalisation.

Difficile à croire

Le plus grave problème de cet ultime opus de la trilogie réside cependant du côté du scénario. Écrit par Reid Carolin, qui a pourtant signé les deux premiers volets, le récit peine à trouver cette fois une raison d’être, d’autant que le prétexte de départ ne tient pas vraiment la route. Quand on le retrouve, Mike Lane, toujours campé par Channing Tatum, a abandonné le métier et se retrouve barman dans une soirée privée, organisée à Miami par Maxandra Mendoza (Salma Hayek Pinault), femme d’un richissime homme d’affaires britannique. Ayant eu vent par une amie présente à la soirée du passé chaud du beau brasseur de cocktails, Max finit par convaincre ce dernier de s’exécuter pour elle en privé, moyennant très forte rémunération, fort bienvenue pour Mike dans un contexte postpandémique. C’est là que ça se gâte.

Après cette démonstration de danse lascive, fort bien tournée il est vrai, Max est tellement impressionnée qu’elle invite ce parfait inconnu à la suivre à Londres. Elle donne alors le mandat à son protégé, qui n’a aucune expérience de la chose, de rafraîchir la pièce poussiéreuse à l’affiche du vieux théâtre dont elle assure la gestion. Elle souhaite voir une adaptation de la même pièce, qui mettrait en vedette une héroïne entourée d’une troupe entièrement masculine, avec une bonne dose de danse suggestive. La directrice, en instance de séparation, veut ni plus ni moins proposer un spectacle féministe pouvant motiver les spectatrices à combler leurs désirs et renforcer leur conviction que rien n’est impossible pour elles. L’idée n’est pas mauvaise en soi, mais la manière, elle, fait en sorte qu’on n’y croit pas une seule seconde.

Oui, mais la danse, direz-vous ? Là aussi, il y a problème. Contrairement aux volets précédents, tout repose pratiquement sur Channing Tatum. Il appert pourtant que pour la majeure partie du film, Mike ne peut vraiment faire valoir sa « magie », étant donné qu’il n’exerce plus son art et tente plutôt de diriger une troupe où aucun des danseurs n’a vraiment l’occasion de se distinguer. Évidemment, il remontera sur scène pour livrer un numéro final bien arrosé avec une partenaire, mais c’est trop peu trop tard, d’autant que, compte tenu du sujet, Soderbergh a emprunté une approche étonnamment chaste. Magic Mike’s Last Dance est même classé « G » au Québec.

En salle

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Magic Mike’s Last Dance (V. F. : Magic Mike – Dernière danse)

Comédie dramatique

Magic Mike’s Last Dance (V. F. : Magic Mike – Dernière danse)

Steven Soderbergh

Avec Channing Tatum, Salma Hayek Pinault, Alan Cox

1 h 52

4/10