En 1974, une femme enceinte par accident, déjà mère de deux enfants, est tellement touchée par la bienveillance d’un mouvement militant pour le droit à l’avortement qu’elle se joint ensuite au groupe, trouvant ainsi un nouveau sens à sa vie.

On croyait la question réglée depuis longtemps, mais voilà qu’à une époque où le droit à l’avortement est menacé par des groupes ultraconservateurs un peu partout dans le monde, le cinéma se tourne vers les années où les femmes ont dû se battre de chaude lutte pour obtenir ce droit. Audrey Diwan a raconté ce combat sur le plan intime dans L’événement, inspiré du récit autobiographique d’Annie Ernaux au début des années 1960. Blandine Lenoir (Zouzou, Aurore) amène cette lutte sur le terrain politique en évoquant le militantisme des années 1970.

On peut voir Annie Colère dans la continuité de L’événement, dans la mesure où le long métrage illustre où en sont les choses une dizaine d’années plus tard. Blandine Lenoir évoque à la fois le caractère intime et social d’une histoire campée au sein d’un mouvement militant, dont l’action, très brève (ce mouvement a existé pendant 18 mois), a forcé le gouvernement français à dépénaliser l’avortement en 1975, grâce à la loi Veil. L’approche qu’emprunte la cinéaste n’évite pas toujours le didactisme, mais Annie Colère reste avant tout un film foncièrement humain.

Au cœur du récit se trouve le personnage d’Annie qu’incarne Laure Calamy, brillante comme toujours. En cette année 1974, cette modeste ouvrière, enceinte par accident, rencontre des femmes du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception). Au sein de ce regroupement, les femmes, à qui l’on offre également du soutien émotif, peuvent obtenir un avortement illégal, pratiqué en toute sécurité aux yeux de tous, dans une optique de bienveillance et d’aide concrète. On notera ainsi cette très belle scène où une chanson chantée par une bénévole (Rosemary Standley) vient apaiser les angoisses d’une patiente.

L’action militante prenant de plus en plus de place dans la vie d’Annie, mariée et mère de deux enfants, Blandine Lenoir évoque du même coup une histoire d’émancipation – nous sommes dans les années 1970 – et son impact sur la vie familiale, notamment auprès d’un mari (Yannick Choirat) pourtant très ouvert d’esprit.

Autrement dit, la cinéaste rappelle non seulement les détails d’une lutte que les femmes ont dû mener à bout de bras, mais elle nous replonge aussi de façon très convaincante dans l’esprit d’une époque.

En salle

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Annie Colère

Drame

Annie Colère

Blandine Lenoir

Avec Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair

1 h 59

7/10