Dans une luxueuse villa en bord de mer, une jeune femme modeste retrouve une étrange famille : un père inconnu et très riche, sa femme fantasque, sa fille, une femme d’affaires ambitieuse, une ado rebelle ainsi qu’une inquiétante servante. Quelqu’un ment. Entre suspicions et mensonges, le mystère s’installe et le mal se répand…

On se doute assez tôt dans L’origine du mal que quelque chose ne tourne pas rond. Lorsque Stéphane (Laure Calamy) décide d’aller à la rencontre d’un père inconnu (Jacques Weber) dont on ne sait rien sauf qu’il est fortuné, mais surtout lorsqu’on nous présente les quatre femmes avec lesquelles il cohabite, on sait que des secrets seront à déterrer.

Dans une atmosphère baroque et un décor kitsch à souhait, qui servent bien l’avancée en eaux troubles, les personnages apprennent à s’observer, à se méfier. Si les premiers moments de malaise – crispation de la mâchoire garantie – allument en nous l’étincelle nécessaire pour continuer, ils laissent rapidement place à des joutes verbales caricaturales et excessives.

La deuxième partie du film consiste en une succession de coups de théâtre qui donne l’impression que le réalisateur court après le temps et la complicité du spectateur. Si Sébastien Marnier avait vacillé aux frontières de la folie, L’origine du mal aurait pu atteindre sa cible. Mais on reste toujours entre deux eaux, ce qui en fait un film qui défend mal sa démesure.

On s’explique aussi mal pourquoi la garde rapprochée du patriarche ne compte que des incarnations d’archétypes féminins (l’épouse matérialiste, la ténébreuse domestique, l’adolescente insoumise et la femme d’affaires sans pitié). Si on voulait parler de femmes tyranniques, il aurait fallu éviter de tomber dans ce piège.

Il est pareillement difficile de mettre le doigt sur l’intention du film autant que sur les motivations des personnages. Ceux-ci souffrent d’une grande carence en profondeur, et ne révèlent jamais leur complexité. Le jeu de Laure Calamy ne colle tout simplement pas à son personnage qui, sur papier, est empreint de nuances. Vouer un destin invraisemblable à une protagoniste demande beaucoup plus de subtilité.

Mention spéciale à la toujours épatante Suzanne Clément, dont le personnage existe en parallèle du huis clos cauchemardesque (nous n’en dirons pas plus). La Québécoise offre sans doute la performance la plus sincère du film. Autres représentants du fleurdelisé au générique, les talentueux Pierre Lapointe et Philippe Brault signent une bande sonore évocatrice, qui assure à elle seule des décharges émotionnelles que la réalisation peine à provoquer.

En dépit d’une distribution prometteuse, c’est un meurtre et mystère version bourgeoisie française, sans la finesse de Chabrol ni l’humour noir qui aurait pu pallier les incohérences du scénario.

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L’origine du mal

Drame

L’origine du mal

Sébastien Marnier

Laure Calamy, Jacques Weber, Doria Tillier, Dominique Blanc, Suzanne Clément

2 h 5 min

5,5/10