En 1862, 13 ans après la Grande Famine. Lib Wright, infirmière anglaise, est appelée dans les Midlands irlandais par une communauté dévote pour passer 15 jours au chevet de l’une des leurs. Anna O’Donnell est une jeune fille de 11 ans qui dit n’avoir rien mangé pendant quatre mois et avoir survécu par miracle. Alors que la santé d’Anna se détériore, Lib est déterminée à découvrir la vérité, bousculant la foi d’une communauté.

« Bonjour. Ceci est le début d’un film intitulé The Wonder. » Dès les premières minutes de son captivant long métrage, à l’intersection du drame d’époque et du thriller psychologique, Sebastián Lelio brise le quatrième mur. Ce procédé brechtien, bien qu’on puisse critiquer son utilisation outre mesure au cinéma, sert finalement bien le contrat narratif ambitieux que nous propose le réalisateur chilien dans son adaptation du roman d’Emma Donoghue.

Nous sommes en 1862. L’infirmière anglaise Lib Wright (Florence Pugh) est dépêchée en Irlande pour étudier le cas d’une adolescente, Anna, qui affirme avoir arrêté de s’alimenter et ne subsister que par la grâce divine. Anomalie médicale ou miracle ? Le phénomène déchaîne les passions dans ce petit village où la foi règne.

Si la toile de fond du récit est l’Irlande du XIXe siècle, appauvrie par la Grande Famine, le récit a une portée universelle. Ce n’est pas un film sur la religion, mais bien sur le rapport complexe qu’entretiennent les humains avec la vérité et leurs systèmes de croyances. C’est le pouvoir émancipateur des histoires que chacun se raconte qui est ici en jeu.

Il faut s’armer de patience pour savoir apprécier The Wonder. S’imprégner de toutes les versions de la réalité qui y sont suggérées. L’approche de Lelio demande une écoute attentive. Telle Lib Wright au chevet de la jeune miraculée, il faut se contenter d’observer attentivement. Parce que la richesse du film réside dans son sous-texte.

La direction de la photographie d’Ari Wegner (oscarisée pour The Power of the Dog) enveloppe divinement bien le récit. L’esthétique gothique — un bon choix pour rendre la beauté brute des paysages irlandais — alimente l’atmosphère lugubre du film.

Fidèle à ses plus récentes performances (Midsommar, Don’t Worry Darling), Florence Pugh subjugue dans le rôle principal, résolument féministe. L’actrice anglaise maîtrise l’équilibre délicat entre réalisme et mélodrame, marchant avec précision sur un fil tendu. Intrépide, généreuse et captivante, Pugh n’a pas fini de nous éblouir. Mention d’honneur à la jeune Kíla Lord Cassidy (Anna), dont la performance rivalise presque avec celle de son aînée. Ça promet !

The Wonder est offert sur Netflix.

The Wonder

Drame historique

The Wonder

Sebastián Lelio
Scénario d’Alice Birch,
basé sur le roman d’Emma Donoghue

Avec Florence Pugh, Tom Burke et Kíla Lord Cassidy

1 h 48
Sur Netflix

8/10