En 2001, dans les quartiers malfamés de la ville sainte de Mashhad, en Iran, une journaliste de Téhéran enquête sur une série de féminicides. Elle constate que les autorités locales ne souhaitent pas vraiment voir l’affaire résolue. Pendant ce temps, un homme qui prétend vouloir « purifier » la ville de ses péchés s’attaque la nuit aux prostituées.

Les nuits de Mashhad (Holy Spider) du cinéaste danois d’origine iranienne Ali Abbasi commence avec ce dicton : « Tout homme finit par rencontrer ce qu’il cherche à fuir. » Inspiré d’un fait divers dans la ville sainte de Mashhad, en Iran, en 2000 et 2001, ce long métrage tourné en Jordanie raconte l’histoire d’un tueur en série qui a assassiné une quinzaine de prostituées. Le fameux « tueur-araignée », Saeed, ancien militaire et père de famille, prétend « faire le djihad contre le vice ». Certaines scènes de meurtre, par strangulation, sont d’ailleurs insoutenables.

Pour faire contrepoids à l’enquête policière qui piétine, une journaliste venue de Téhéran mène sa propre enquête sur celui que les médias ont surnommé le « tueur-araignée ». Elle se heurte à un milieu encore plus conservateur que celui de la capitale, où une femme seule, sans son mari, est d’emblée perçue comme suspecte. Elle soupçonne les milieux politiques et policiers de collusion. « Il leur fait du nettoyage. Ils ne vont pas l’arrêter », dit la mère d’une des victimes.

Les nuits de Mashhad se présente comme un thriller à la Zodiac de David Fincher – qui devient de moins en moins crédible plus l’enquête journalistique progresse –, mais son intérêt se trouve surtout dans sa manière de dépeindre le statut de la femme en Iran. C’est en quelque sorte un pamphlet contre la société ultraconservatrice et misogyne qui maintient les femmes dans la soumission et la crainte d’être humiliées et violentées. Et à ce titre, c’est un film qui ne pourrait malheureusement être plus d’actualité.

Le rôle de la journaliste a valu à Zar Amir Ebrahimi, comédienne iranienne contrainte à l’exil en France depuis 15 ans, le Prix d’interprétation féminine du plus récent Festival de Cannes. Les nuits de Mashhad est le candidat du Danemark à l’Oscar du meilleur film international en 2023.

Le film est présenté en salle en version originale avec sous-titres anglais ou sous-titres français.

Holy Spider V.F. : Les nuits de Mashhad

Thriller

Holy Spider V.F. : Les nuits de Mashhad

Ali Abbasi

Avec Zar Amir-Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani.

1 h 56

7/10