Trois contes sans lien les uns avec les autres se déroulent dans l’Égypte antique, dans un château austère d’Auvergne au Moyen Âge et dans la Turquie chatoyante des récits des Mille et Une Nuits.

Après avoir consacré six ans à Dilili à Paris, Michel Ocelot ressentait le besoin de réaliser un film d’animation plus léger. Il en propose trois, d’environ 25 minutes chacun, de factures totalement différentes. Une conteuse sert habilement de fil conducteur entre eux. Elle souligne d’entrée de jeu que « ceux qui n’ont qu’une histoire n’ont pas beaucoup d’imagination ». C’est une belle façon, pour le père du petit héros africain Kirikou, d’affirmer qu’il en a encore à revendre.

L’œuvre se démarque surtout visuellement. Le réalisateur de 79 ans reprend diverses techniques d’animation, qu’il a peaufinées au cours de sa fructueuse carrière, pour créer trois univers distincts. La présentation de profil convient particulièrement bien à la première histoire, Pharaon !, qui s’inspire de la posture des personnages dans les bas-reliefs et les peintures égyptiennes. Les silhouettes noires dans le conte Le beau sauvage ajoutent une touche de mystère au récit au ton menaçant. Après une telle sobriété, empreinte de poésie, la richesse des couleurs et des détails n’est que plus frappante dans le troisième conte, La princesse des roses et le prince des beignets.

Les trois histoires d’amour sont toutefois fades et peuplées de personnages unidimensionnels. La première, inspirée par La stèle du Songe et réalisée avec la collaboration du musée du Louvre, relate la conquête de l’Égypte par un roi du nord du Soudan, dans le but de conquérir sa dulcinée. Prévisible, c’est la moins intéressante. La deuxième, aux ombres chinoises dominées par un roi tyrannique, est basée sur Le conte du beau sauvage, recueilli par l’écrivain français Henri Pourrat. La troisième histoire, la plus fantaisiste et la plus réussie, rappelle les fabuleuses histoires des Mille et Une Nuits.

Dans les trois contes, sortis de l’imaginaire traditionnel, les parents, autoritaires, crient après leurs enfants, qui se rebellent. Dans les deux premiers, les princesses attendent leur valeureux prince pour ensuite l’épouser. C’est navrant, en 2022. La princesse turque est la seule à jouer un rôle actif dans son destin. L’amour triomphe à tout coup, mais sans susciter vraiment d’émotion. C’est dommage, parce que les intentions étaient manifestement bonnes.

Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse

Animation

Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse

Michel Ocelot

Avec les voix d’Oscar Lesage, Claire de La Rüe du Can, Aïssa Maïga

1 h 23 En salle

6/10

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