Croyant trouver en un voyageur britannique, avec qui elle entreprend une liaison, un allié pouvant l’aider à sortir du pays, une journaliste américaine coincée au Nicaragua réalise progressivement que cet homme l’entraîne dans un monde encore plus trouble.

En transposant de nos jours une nouvelle qu’a écrite l’auteur américain Denis Johnson il y a une quarantaine d’années, Claire Denis illustre de façon éclatante comment elle peut aborder n’importe quel univers et le faire sien. Dans cette histoire d’étrangers coincés dans un pays en proie à une guerre civile, qui fait inévitablement penser à celle que Peter Weir a jadis portée à l’écran dans le magnifique The Year of Living Dangerously (L’année de tous les dangers), la cinéaste française s’intéresse bien davantage à l’aspect impressionniste du récit qu’à son aspect politique.

La réussite de ce film au rythme parfois languissant se situe d’ailleurs dans cette façon de traduire des atmosphères. La chaleur, la moiteur, la sensualité, la rencontre des corps. Il y a d’abord Trish (formidable Margaret Qualley). Cette journaliste américaine, incapable de vendre le moindre papier à un média de son pays, doit maintenant trouver le moyen de survivre à Managua, où elle est coincée sans passeport, en utilisant des moyens désespérés auprès de militaires « moins sexy que les révolutionnaires d’avant ».

Le scénario, que Claire Denis a écrit avec Léa Mysius et Andrew Litvack, est construit autour de la rencontre épidermique entre Trish et Daniel (Joe Alwyn), un mystérieux homme d’affaires britannique à qui la jeune femme fait confiance pour l’aider à sortir du pays. Le récit emprunte alors la forme d’une espèce de thriller, tout en tenant compte de l’époque pandémique dans laquelle il est campé. Notons que Claire Denis avait fait de même dans Avec amour et acharnement, l’autre film qu’elle a proposé cette année.

À classer dans la même frange que Chocolat et White Material, qui évoquaient le rapport colonial de peuples occidentaux dans des pays étrangers (Claire Denis a grandi dans plusieurs pays africains au sein de sa famille française), ce 15e long métrage de la cinéaste, le 2e qu’elle tourne en anglais (quatre ans après High Life), séduit principalement par son style envoûtant.

Lauréat du Grand Prix du Festival de Cannes cette année (ex æquo avec Close, de Lukas Dhont), Stars at Noon (Des étoiles à midi est le titre français) est offert en vidéo sur demande sur plusieurs plateformes.

Consultez l’horaire du film
Stars at Noon (V. F. : Des étoiles à midi)

Drame

Stars at Noon (V. F. : Des étoiles à midi)

Claire Denis

Avec Margaret Qualley, Joe Alwyn et Danny Ramirez

2 h 17

7/10