De son enfance tumultueuse à son ascension fulgurante et à ses histoires d’amour complexes – de Norma Jeane Baker à Marilyn Monroe –, Blonde brouille la frontière entre réalité et fiction pour explorer l’écart entre la vie publique et la vie privée de celle qui, 60 ans après sa mort, demeure une icône.

En s’inspirant d’une biographie fictive qu’a publiée Joyce Carol Oates il y a une vingtaine d’années, Andrew Dominik s’immisce dans les sphères privées de la vie de Marilyn Monroe, par définition non documentées. Le cinéaste dispose ainsi de l’espace requis pour inventer sa vision des choses, n’étant pas tenu d’être fidèle à la réalité.

Comme Spencer l’an dernier, allégorie sur la princesse Diana, Blonde n’a rien du biofilm traditionnel, encore moins du documentaire. C’est d’ailleurs ce qui en fait l’intérêt. Cela dit, le cinéaste insère dans son récit éclaté, parfois en couleurs, parfois en noir et blanc, les épisodes les plus célèbres de la vie de celle qui, 60 ans après sa mort, reste présente dans l’imaginaire collectif mondial.

Pour saisir le mieux possible l’esprit de Marilyn Monroe, Andrew Dominik (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, Killing Them Softly) a choisi une approche impressionniste. Blonde ressemble ainsi à une enfilade de fragments d’une mémoire qui s’entrechoquent.

L’un des axes principaux du récit est le rapport à la maternité. Le premier acte est consacré à dépeindre la relation violente que sa mère (Julianne Nicholson) a entretenue avec elle, lui imputant tous ses malheurs, y compris l’abandon du mari (et père), qui ne voulait pas d’enfant.

En misant sur le contraste entre l’adulation dont Norma Jeane fera l’objet plus tard, quand elle deviendra Marilyn Monroe, et le vide intérieur laissé par cette blessure incicatrisable, Andrew Dominik trace le portrait d’une femme à la fois forte et fragile, confrontée à ses amours tumultueuses et à son propre désir de maternité. La vedette est aussi constamment tiraillée par l’image qu’ont les admirateurs de Marilyn Monroe, qui ne correspond en rien à la vraie nature, beaucoup plus sombre, de Norma Jeane Baker. La vision d’Andrew Dominik est claire : cette femme fut une victime dans tous les aspects de sa trop courte vie, broyée de surcroît par la machine hollywoodienne.

Ana de Armas s’est jetée corps et âme dans le personnage, avec l’abandon de celle qui, comme l’icône en son temps, aspire aux plus grandes partitions. L’actrice offre une performance remarquable dans un film trop long, dont l’audace sera célébrée par les uns, décriée par les autres.

Lancé à la Mostra de Venise, pendant laquelle une première version de ce texte a été publiée, Blonde est à l’affiche à Montréal à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Moderne. Netflix le déposera sur sa plateforme le 28 septembre.

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Blonde

Drame biographique

Blonde

Andrew Dominik

Avec Ana de Armas, Bobby Cannavale et Adrien Brody

2 h 45

7/10