De nombreux scénarios de film réunissent malgré eux des gens après la mort d’un proche. Dans le cas de Niagara, ce sont trois frères appelés Alain, Victor-Hugo et Léo-Louis Lamothe.

Leur père Léopold est mort subitement d’une crise cardiaque à la suite de l’Ice Bucket Challenge. Le personnage incarné par Marcel Sabourin tenait à recevoir un seau d’eau glacée sur la tête, car il était amoureux de la proche aidante d’une femme qui souffre de la sclérose latérale amyotrophique (rôle muet incarné par Marie Eykel).

Dans l’univers de Guillaume Lambert, qui réalise son deuxième film après Les scènes fortuites, la comédie côtoie le drame. Le propos peut être grave, mais comme dans un sketch de Like-moi !, le kitsch et la maladresse ne sont jamais bien loin, avec une dose de tendresse en prime.

Sans rien divulgâcher, disons qu’un chien fait en sorte que le personnage d’Alain (premier grand rôle au cinéma de François Pérusse) ne sautera pas dans la chute Montmorency comme il songe à le faire dans la scène d’ouverture de Niagara.

PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Éric Bernier et François Pérusse en vedette dans le film Niagara, écrit et réalisé par Guillaume Lambert

Rien ne va plus dans la vie du professeur de taekwondo faussement accusé d’inconduite par la fille de sa blonde. Il vient de perdre son emploi quand il reçoit l’appel de son frère Victor-Hugo (Guy Jodoin), qui a un vignoble dans la péninsule du Niagara, où leur père est mort de façon absurde.

Alain ira donc chercher leur autre frère Léo-Louis (Éric Bernier) à Montréal. Une bonne partie du film consiste en leur road trip jusqu’à Niagara Falls. Il y aura notamment un arrêt à Oshawa où les frérots feront la rencontre de Stacy (Véronic Dicaire) et de sa fille enceinte (Katherine Levac).

Avec une telle distribution et de nombreux revirements de situation, on rit souvent dans Niagara.

Il y a une scène avec une mascotte de verger, un lit d’eau, une drag queenIl y a aussi des sortes d’apartés, dont la vidéo promotionnelle du personnage de Léo-Louis, qui gagne sa vie comme risk manager.

Ce dernier est incarné avec brio par Éric Bernier, qui multiplie les répliques assassines. Son mode de vie et son caractère sont à l’opposé de ceux de son frère Alain, qui est plutôt taciturne et résigné face aux aléas de la vie.

Divisé en chapitres, Niagara comporte des retours dans le passé. La musique est au premier plan avec une excellente bande originale de Laurence Nerbonne.

Guillaume Lambert se trouve derrière mais aussi devant la caméra dans le rôle du fils de Victor-Hugo. Il incarne un artiste qui se remet mal du divorce de ses parents et qui arbore des t-shirts à prendre au deuxième degré.

Comme réalisateur, Guillaume Lambert avait un maigre budget de moins de 2 millions de dollars alors que les règles sanitaires étaient très strictes. Difficile de croire que les nombreuses scènes en voiture ont été tournées dans les studios MELS. Chapeau.

Pour l’anecdote, sachez que le vignoble à l’écran n’est pas en Ontario, mais à Magog, sur les terres de Pinard et Filles. Ceux qui empruntent souvent l’autoroute 10 reconnaîtront par ailleurs l’ancien motel du Ranch du spaghetti de la sortie 115.

Il y a de nombreuses bonnes idées dans Niagara, ainsi que des scènes extérieures d’une grande qualité cinématograhique, mais on cherche parfois à comprendre comment certains choix de mise en scène nourrissent le propos narratif ou l’intention artistique du film. Et si les performances de tous les acteurs sont dignes de mention, on a parfois l’impression qu’ils ne jouent pas sous la même direction.

En somme, on se sent parfois distrait pendant Niagara, mais on n’en demeure pas moins séduit, amusé et touché par l’histoire de ces trois frères qui se remettent en question après le départ de leur père.

Niagara

Comédie dramatique

Niagara

Guillaume Lambert

François Pérusse, Éric Bernier, Guy Jodoin

1 h 46
En salle

6,5/10

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