Témoins de phénomènes étranges, OJ et sa sœur Emerald soupçonnent qu’un ovni se cache dans un nuage et qu’il aspire les êtres vivants.

En l’espace de seulement deux films, Jordan Peele est devenu le nouveau maître du suspense et de l’horreur. Un titre que confirme le très attendu Nope (Ben non en version française, quelle traduction risible !), qui flirte également avec la science-fiction et le western.

L’introduction pique instantanément la curiosité avec les effets destructeurs d’une entité invisible et l’apparition d’un singe inquiétant. Puis… presque plus rien, le cinéaste prenant son temps (sans doute trop) pour présenter et développer ses nombreux enjeux, parsemant le tout de sursauts parfois gratuits et d’inégales touches d’humour. On est loin de l’efficacité de ses précédents Us et, surtout, de Get Out qui lui a valu l’Oscar du meilleur scénario original.

Cela lui permet toutefois de faire lever graduellement la tension, avant de la laisser exploser lors d’une seconde partie particulièrement satisfaisante. Non seulement le réalisateur multiplie les moments de terreur, de bravoure et d’émotion, mais il use aussi d’imagination dans sa façon de présenter cet objet volant qui ne ressemble à rien d’autre. Independence Day peut aller se rhabiller.

Contrairement à ses précédentes offrandes et à sa collaboration au scénario du très réussi remake de Candyman, Jordan Peele n’a pas mis les considérations sociales au premier plan. Ce sont plutôt les êtres humains qui y sont, que ce soit ce frère (Daniel Kaluuya, oscarisé pour Judas and the Black Messiah) qui communique principalement par son regard triste ou cette sœur verbomotrice (la chanteuse Keke Palmer) qui est souvent source de rires. Un duo particulièrement attachant qui relègue dans l’ombre les autres personnages, dont l’individu au passé trouble incarné par Steven Yeun (Minari, Burning).

Ambitieux à souhait, Nope demeure sur le plan cinématographique le plus impressionnant long métrage de son auteur. Qu’il se déroule à l’heure bleue ou dans la pénombre, la photographie de Hoyte van Hoytema – connu pour son travail avec Christopher Nolan – en impose, tout comme l’immense soin apporté au son.

En jouant dans les plates-bandes de Steven Spielberg et de M. Night Shyamalan, Jordan Peele vient d’offrir avec Nope une des expériences les plus singulières et divertissantes de l’été. À voir plus d’une fois pour en saisir toutes les subtilités.

Nope (V.F. : Ben non)

Horreur/Thriller

Nope (V.F. : Ben non)

Jordan Peele

Avec Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun

2 h 11
En salle

7/10

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