Kidnappé par un tueur sadique et enfermé dans un sous-sol insonorisé, un garçon de 13 ans peut compter comme seul salut sur un téléphone déconnecté, qui le met en contact avec les précédentes victimes du meurtrier.

Doctor Strange fut un peu une erreur de parcours pour le cinéaste Scott Derrickson. Après avoir abandonné sa suite pour « différends créatifs », le voilà qui renoue avec son genre de prédilection : l’horreur. The Black Phone (Le téléphone noir en version française) pourrait d’ailleurs s’apparenter à un cousin spirituel de son propre Sinister (2012), où un écrivain interprété par Ethan Hawke cherchait à expliquer de mystérieuses disparitions d’enfants.

La star traverse cette fois le miroir et il est la cause de tous ces rapts. Dans la peau d’un angoissant homme masqué surnommé The Grabber, l’acteur personnifie l’un des méchants les plus mémorables des dernières années. Un être inquiétant et insaisissable, sorte de mélange improbable entre le Joker et Willy Wonka. Celui qu’on a vu plus tôt cette année au cinéma dans The Northman n’avait jamais incarné un être aussi diabolique et il s’en donne à cœur joie, modulant sa voix à la perfection. Un rôle qui risque de lui coller longtemps à la peau.

Dommage que le film ne soit pas aussi saisissant que sa performance. Le scénario qu’avait tiré Derrickson et son complice C. Robert Cargill de la nouvelle de Joe Hill (le fils de Stephen King) ne brille pas par son originalité. Il s’agit d’une simple variation de It. Le méchant aux ballons noirs devient également une métaphore du climat de violence où évolue notre jeune héros (convaincant Mason Thames). Les voix qu’il entend au téléphone l’aideront à s’en affranchir… en faisant couler le sang, évidemment.

Trop long à se mettre en branle, le récit d’initiation captive lorsqu’il est en huis clos. C’est là que la mise en scène est la plus efficace, développant une tension de chaque instant, qui ne naît pas tant des sursauts gratuits que du soin apporté aux images sombres et aux textures sonores. Un sentiment de malaise et de mélancolie qui disparaît malheureusement lorsque l’action retourne auprès de l’enquête policière et de la jeune sœur du protagoniste (vibrante Madeleine McGraw) aux rêves un peu trop commodes et révélateurs.

The Black Phone est à l’affiche en version originale et en version française.

IMAGE FOURNIE PAR UNIVERSAL PICTURES

The Black Phone, de Scott Derrickson

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