Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. À l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout, mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et de danser. Tous s’inquiètent du chien malade.

Oui, Panah Panahi est le fils de Jafar, l’un des chefs de file de la nouvelle vague iranienne. La comparaison avec un cinéaste célébré pour ses films primés un peu partout sur le circuit des grands festivals (Le ballon blanc, Le cercle, Taxi Téhéran), dont les démêlés avec les autorités de son pays ont aussi fait la manchette, aurait pu être lourde. Elle ne l’est finalement pas du tout.

Lancé l’an dernier au Festival de Cannes, où il fut sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, Hit the Road (En route ! est le titre du film au Québec) est un premier long métrage fort convaincant. On y retrouve l’esprit d’un mouvement dont le père du réalisateur est l’une des plus grandes voix, tout en affichant une identité propre. Que l’histoire soit subtilement construite autour de la volonté d’un jeune homme de s’affranchir de sa famille pour trouver sa propre voie ne relève sans doute pas du hasard.

La toute première scène du film, déjà, est magnifique. Au son d’une pièce classique, on voit un enfant pianoter sur un clavier dessiné grossièrement sur le plâtre que son père porte à sa jambe. Nous sommes à l’intérieur d’une voiture. On y découvre aussi sa mère, assise à l’avant, le chien qui voyage avec eux à l’arrière, ainsi que le jeune conducteur, dont on découvrira rapidement qu’il s’agit du frère aîné. On pourrait croire cette famille sur la route des vacances, mais il n’en est rien. Là réside justement la force d’un récit où les clés ne sont pas données d’emblée au spectateur.

Parsemé de séquences visuellement très fortes, Hit the Road se distingue grâce à la maîtrise qu’affiche le cinéaste en modulant ses tonalités, souvent à l’intérieur d’une même scène. En dépit des situations plus graves qu’il met en scène, Panah Panahi offre également des moments plus euphoriques, plus rarement vus dans le cinéma iranien, notamment grâce à la présence d’un petit garçon hyperactif, très naturel devant la caméra.

Hit the Road (V.F. : En route !)

Drame

Hit the Road (V.F. : En route !)

Panah Panahi

Avec Hassan Madjouni, Pantea Panahiha, Rayan Sarlak

1 h 33
En salle

7/10

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