Dans un avenir proche, où le corps humain évolue, un artiste conceptuel capable de générer en lui de nouveaux organes crée des performances au cours desquelles il exécute des opérations diffusées en direct.

Depuis la présentation de Crimes of the Future au Festival de Cannes, il a beaucoup été dit que David Cronenberg effectuait un retour au body horror, genre dont il est le maître absolu, pourtant moins présent dans son cinéma des 20 dernières années. Il est vrai qu’on peut tracer ici certains parallèles avec Crash, notamment dans cette espèce de mutation du désir charnel (« La chirurgie est le nouveau sexe », affirme-t-on), mais pas seulement.

La première version du scénario de Crimes of the Future, que le vétéran cinéaste signe seul, ayant été écrite à la fin des années 1990 – pratiquement dans la foulée de Crash –, les admirateurs établiront d’évidence des liens avec des films comme Videodrome, Naked Lunch et eXistenZ. Ce nouveau long métrage, le premier qu’offre Cronenberg depuis Maps to the Stars, s’inscrit dans la parfaite continuité d’une œuvre conséquente, construite autour des interrogations éthiques et sociales de l’évolution humaine et technologique.

On peut être fasciné – ou pas – par ce monde dystopique. On peut être attiré – ou pas – par l’univers clinique et chirurgical dans lequel Cronenberg plonge le spectateur. On peut également déplorer les carences d’un scénario où des pistes sont abandonnées en cours de route et où la trajectoire de certains personnages apparaît plutôt floue.

Cela dit, Crimes of the Future (Les crimes du futur est le titre en français) est mis en scène de main de maître et emprunte les allures d’une véritable œuvre d’art sur le plan esthétique. La composition des images de Douglas Koch, la trame musicale anxiogène du fidèle complice Howard Shore, la direction artistique impeccable de la cheffe décoratrice Carol Spier (complice de Cronenberg depuis The Dead Zone), bref, tout est mis au service de l’imagination inventive et tordue du plus célèbre cinéaste canadien.

Si la façon décalée dont Kristen Stewart joue son personnage surprend un peu (l’actrice emprunte le même débit saccadé que dans Spencer), il y a lieu de saluer ici la performance de Viggo Mortensen, formidable dans la peau d’un artiste d’avant-garde faisant un spectacle de ses mutations organiques. Dans le rôle de l’amoureuse chirurgienne, Léa Seydoux est aussi excellente. Étonnamment sensuels dans un tel contexte, les deux acteurs évoquent la transformation de la nature humaine dans un monde où celle-ci tend à progressivement changer son code génétique.

Crimes of the Future (Les crimes du futur) est à l’affiche en salle en version originale, en version originale sous-titrée en français et en version doublée en français.

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Crimes of the Future 
(V. F. : Les crimes du futur)

Drame de science-fiction

Crimes of the Future
(V. F. : Les crimes du futur)

David Cronenberg

Avec Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart

1 h 47

7/10