Gabor Szilasi fait l’objet d’un portrait touchant de la part de la réalisatrice québécoise Joannie Lafrenière. Dans Gabor, elle retrace, avec précision et humour, la carrière de ce photographe d’origine hongroise qui a passé sa vie à documenter la vie des Québécois et à en partager les valeurs.

Une lentille en or dans un petit bijou. Si ça prend deux bons danseurs pour valser, la réunion d’une réalisation brillante et d’un éminent sujet fait rarement chou blanc. C’est le cas pour Gabor, premier long métrage documentaire de Joannie Lafrenière, un hommage délicat et soigné rendu au photographe montréalais de 94 ans Gabor Szilasi.

Joannie Lafrenière est tombée sous le charme de Gabor quand elle a vu son exposition L’éloquence du quotidien au Musée d’art de Joliette en 2009. Ils se sont ensuite rencontrés pour la première fois en 2015, lors des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, d’où est née leur belle complicité. Une connivence qui fait de ce premier documentaire consacré à Gabor Szilasi une merveille de cinéma. Une heure quarante minutes de moments savoureux. Un film tendre et respectueux qui retrace la carrière et la vie du photographe d’origine hongroise, arrivé au Canada en 1958. Avec des témoignages de ses amis, de sa femme, l’artiste Doreen Lindsay, de sa fille, l’artiste Andrea Szilasi.

On y retrouve un Gabor très allumé, curieux, joueur, drôle et attendrissant. Avec des moments forts, comme lorsqu’il parle de sa mère, assassinée par les nazis en 1944, à cause de ses racines juives, même si la famille était convertie au protestantisme. Ou encore lorsqu’il rencontre un ami d’enfance à Budapest, professeur de musique à la retraite dont il n’a plus de nouvelles depuis le tournage. « Il est peut-être décédé, dit Gabor. Il m’avait dit qu’on était les derniers survivants des diplômés de 1946 de notre école, le Evangélikus Gimnázium. »

Très léché, le documentaire est d’une grande richesse esthétique. Un film au montage soigné, dans lequel la réalisatrice se met en scène avec Gabor. Cela donne des séquences qui font parfois penser à Jacques Tati (Les vacances de monsieur Hulot) pour l’humour, au cinéma de la Nouvelle Vague pour la fraîcheur du ton, ou à Xavier Dolan pour le rythme et la qualité graphique. Un documentaire vivant, coloré, où l’on sent la photographie, autant celle de la réalisatrice que celle de Gabor, dans la plupart des plans.

Présenté en première mondiale, le 20 novembre dernier, en clôture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), et déjà projeté à Toronto et aux États-Unis, Gabor est lancé ce vendredi, à 19 h, au cinéma Beaubien, en présence de Gabor Szilasi.

En salle

Consultez l’horaire du film Lisez notre grand portrait de Gabor Szilasi
Gabor

Documentaire

Gabor

Joannie Lafrenière

Avec Gabor Szilasi, Andrea Szilasi et Doreen Lindsay

1 h 41

9/10