Une boîte de souvenirs apparaît à la porte d’une famille le jour de Noël. Remplie de cahiers, de photos et d’enregistrements, elle contient le passé de la mère d’Alex, qui ne s’y intéresse pas. Pour sa part, l’adolescente découvre avec grand intérêt un pan de la vie inconnu de sa mère… ainsi que des secrets bien gardés.

Montréal, au présent : munie de son cellulaire, Alex, une adolescente, mitraille de vieux cahiers de souvenirs parsemés de photos jaunies par le temps et le soleil du Liban.

Ces photos, qui datent des années 1980, montrent une autre ado, sa mère, Maia (Rim Turki), entourée de sa propre bande d’amis : petits bonheurs lointains et sourires qui affichent une relative insouciance malgré la guerre civile qui déchire alors leur pays. Les images numériques de ces photos argentiques, Alex les partage avec une poignée d’amis aussi connectés qu’elle, et dont les réactions immédiates fusent sur les réseaux sociaux.

Alex (Paloma Vauthier) redécouvre alors sa mère, femme pleine de zones d’ombre et de secrets sur son passé, et reconnecte ainsi avec ses racines à travers ces cahiers jusqu’ici inconnus, apparus à la porte de la maison familiale le jour de Noël, dans une grosse boîte en carton – d’où le titre du film, Memory Box.

La boîte à surprise contient aussi plusieurs vieilles cassettes audio enregistrées par Maia à la même époque, ce qui permet de raconter son passé libanais oralement, de façon fluide. Le récit de vie de Maia ne sera livré que par bribes, à mesure qu’Alex « vole » des moments de lecture. Ses aînées ne souhaitent pas qu’elle consulte les cahiers, sans que le spectateur ne sache pourquoi, tout en percevant très bien leur angoisse.

Mise en abyme

Puis, les images numériques qu’Alex a prises en rafales vont fusionner et créer leur propre « film dans le film », tandis que les photos de papier, d’abord statiques, vont s’animer pour participer elles aussi à l’étrange mise en abyme qui fait tout le charme et une grande partie de l’intérêt de Memory Box, coproduction franco-canado-libanaise à laquelle a participé Micro_scope, au Québec.

Avec ce film, le couple de réalisateurs, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, continue de faire ce qu’il a toujours aimé faire : jouer avec la narration et les codes de l’image en entremêlant les médias (ici, la photographie).

Memory Box, récit de réappropriation du passé servi sur fond d’immigration, d’exil et de secrets, offre une partition fine et subtile, à défaut d’être trépidante. Un bel objet cinématographique, tout à la fois moderne (dans son approche formelle) et rétro (dans son rythme), vivant, et nourri par une trame musicale nostalgique qui séduira en particulier ceux qui ont vécu les années 1980.

Un film qu’on suggère de voir en famille, avec son ou ses ados, et qui pourrait lancer de sympathiques conversations intergénérationnelles.

En salle

Memory Box

Drame

Memory Box

Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

Rim Turki, Manal Issa, Paloma Vauthier

1 h 42

7/10