Suspendu pour cause de « sexualité compulsive », Alexandre, formateur à l’armement des douaniers canadiens, retourne dans son village natal de la banlieue sud de Montréal. Dans ce lieu anonyme, il noue une curieuse amitié avec une pilote de course islandaise tout en étant traqué par deux policiers qui entretiennent une obsession à son égard.

Il n’y a pas, à proprement parler, de bang supersonique dans Le bruit des moteurs de Philippe Grégoire. Mais sa manière, tout à fait habile, ou plutôt percutante, d’évoquer les murs qui se dressent, parfois de façon spontanée, entre les gens force l’admiration.

Murs de silence, murs d’incompréhension, murs pernicieux, murs infranchissables. Murs nourris par le jugement facile, la catégorisation à outrance, la mise au ban de l’autre sans autre forme de procès que celui du tribunal populaire dont le raisonnement s’appuie sur les on-dit.

Alexandre (Robert Naylor), personnage central de cette histoire étonnante et, disons-le, parfois déroutante, est justement entouré de ces murs invisibles. Plus l’histoire avance et plus sa vie est ainsi endiguée. Et ce ne sont pas les bruits des moteurs ou le familier crissement des pneus de la piste de course que gère sa mère Johanne (Marie-Thérèse Fortin) qui vont le rassurer.

Le réconfort, Alexandre va le trouver dans le personnage d’Aðalbjörg (Tanja Björk), genre d’amie imaginaire d’origine islandaise à travers laquelle il tente de se reconnecter à ses racines, d’élargir ses horizons, car son travail aux douanes ne le satisfait visiblement pas, et de trouver un sens à sa vie.

Convaincu d’avoir trouvé le bon chemin, Alexandre se rend à Vik, dans le sud de l’Islande, pour y faire le constat que l’herbe n’est peut-être pas plus verte chez le voisin. Cette recherche d’un avenir meilleur donne au cinéaste l’occasion de proposer quelques jolies ellipses et des plans larges qui, captés entre Napierville et Vik, servent de caisse de résonance dans la quête du personnage central.

Film difficile ? Oui. Film à voir plus d’une fois pour en saisir toute l’essence ? Sans doute. Philippe Grégoire nous l’avait dit en entrevue. Il aime faire réfléchir les gens. Il ne donne pas toutes les réponses.

Cela dit, on ne boudera pas notre plaisir. Ce film comprend de belles idées et est porté par deux jeunes acteurs en pleine forme.

On connaissait déjà tout le talent de Robert Naylor qui, d’un rôle à l’autre, est toujours juste et convaincant. Mais ici, on découvre Tanja Björk qui incarne, sous le vernis d’un personnage un peu rude, un être plein d’empathie et de tendresse.

Autour d’eux, les autres comédiens de la distribution, dont Marie-Thérèse Fortin, Alexandrine Agostini, Marc Beaupré et Naïla Rabel, proposent de solides performances.

En salle

Le bruit des moteurs

Drame

Le bruit des moteurs

Philippe Grégoire

Avec Robert Naylor, Tanja Björk et Alexandrine Agostini

1 h 19

7/10