Même s’il consacre sa vie entière à son art en suivant à la lettre les traditions et la discipline des anciens, un chanteur de musique classique indienne traverse une crise existentielle en se demandant s’il est possible d’atteindre l’excellence qu’il recherche.

Révélé en 2014 à Venise, où son film Court a obtenu le prix du meilleur film de la section Orizzonti (qui est à la Mostra ce que la section Un certain regard est à Cannes), le cinéaste indien Chaitanya Tamhane, maintenant dans la jeune trentaine, propose aujourd’hui un deuxième long métrage. The Disciple, qui a remporté le prix du meilleur scénario l’an dernier dans la Cité des Doges, est le portrait fascinant d’un artiste qui consacre son existence à un art qu’une vie entière ne suffit pas à maîtriser.

Le chant traditionnel indien nous étant peu familier dans notre coin du monde, nous aurons cependant du mal à saisir les subtilités faisant en sorte qu’un artiste exerçant cet art est considéré comme un maître du domaine. En revanche, on pourra s’intéresser au parcours d’un jeune homme qui choisit cette discipline comme on entre en religion, sans jamais savoir s’il parviendra à atteindre l’excellence requise. Tout au long du récit, Sharad (Aditya Modak, excellent) écoutera de vieilles bandes, enregistrées à l’époque à l’insu de la principale intéressée, dans lesquelles on entend une chanteuse légendaire expliquer son art, lequel doit s’exécuter dans le dépouillement le plus total. Et ne peut, selon elle, se faire valoir sans qu’une réelle paix intérieure habite celui qui le pratique.

D’abord campé en 2006, ponctué de retours vers l’enfance, le récit met aussi en contraste la pureté du geste artistique d’un homme qui sacrifie tous les autres aspects de sa vie, et la course à la popularité et au vedettariat. Le lien unissant Sharad à un mentor, ainsi qu’à un père dont il voit la vie comme un échec parce qu’il a abandonné le cheminement musical qu’il avait entrepris, illustre aussi l’état d’esprit du jeune homme.

Tout comme la discipline artistique qu’il met en valeur, The Disciple (Le disciple est le titre en français) n’est pas facile d’approche, d’autant que le cinéaste filme presque toujours ses personnages à distance. Il y a dans ce souci de rigueur et d’intégrité quelque chose d’à la fois admirable et contraignant.

En salle ce vendredi à la Cinémathèque québécoise en version originale indienne avec sous-titres anglais. Aussi offert sur Netflix.

The Disciple

Drame

The Disciple

Chaitanya Tamhane

Avec Aditya Modak, Arun Dravid, Sumitra Bhave

2 h 09

6/10

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