Ondine Entre l’amour et la mort ★★★½

Spécialisée dans l’histoire de la ville de Berlin, une conférencière prénommée Ondine est rattrapée par le mythe ancien quand l’homme qu’elle aime décide de la quitter. Elle doit tuer celui qui la trahit et retourner sous les eaux…

Au cours de la dernière décennie, Christian Petzold est devenu l’un des chefs de file du cinéma allemand grâce à des films comme Barbara, Phoenix et Transit. Dans Ondine (Undine est le titre original allemand), le cinéaste transpose dans le monde contemporain une légende aquatique ancienne, prétexte à une quête sentimentale absolue.

C’est que, dès la première scène, attablée à la terrasse d’un café, Ondine réplique à l’homme qu’elle aime, qui vient de lui annoncer qu’il la quitte, qu’en ces circonstances, elle doit le tuer. Telle est cette nymphe de légende amoureuse d’un humain, condamnée à retourner dans les profondeurs des eaux après avoir tué son amant si ce dernier se montre infidèle. Lauréate du prix d’interprétation du festival de Berlin l’an dernier grâce à ce rôle, Paula Beer, qui a été révélée au public international grâce à Frantz, de François Ozon, impose d’emblée d’un simple regard toute la portée romanesque d’un film à la fois étrange et beau.

Très vite, la jeune femme aura pourtant l’occasion de se reconstruire auprès de Christoph (Franz Rogowski), un maître nageur qu’elle rencontre dans des circonstances particulières, lesquelles donnent d’ailleurs lieu à un très beau moment de cinéma. Entre l’amour et la mort, le cœur d’Ondine balance…

Outre la performance magnifique de l’actrice et le caractère fantastique de son histoire, Ondine se distingue aussi grâce à cet hommage à Berlin, comme une véritable lettre d’amour qu’envoie Christian Petzold à sa ville. Sans être de même nature que la vision sublime qu’avait eue Wim Wenders peu avant la chute du mur dans Les ailes du désir, le cinéaste évoque le passé de la capitale allemande en faisant d’Ondine une conférencière dans un musée d’urbanisme. Misant sur deux axes (les explications sur l’histoire du développement urbain de la cité font contraste à l’aspect plus fantastique du récit), Ondine retrace aussi les pas d’une ville aujourd’hui réinventée, qui porte toujours en ses eaux le poids de son histoire.

En salle vendredi en version originale allemande avec sous-titres français.

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