Depuis la création d’Israël, le conflit israélo-palestinien a préoccupé toutes les administrations américaines. En 1991, les États-Unis ont intensifié les interventions dans l’espoir d’une résolution du conflit. Cette histoire est racontée par des négociateurs des présidents George H. W. Bush et Bill Clinton.

Un documentaire de plus de 100 minutes dans lequel les interviewés passent la moitié du temps à s’exprimer assis sur une chaise devant la caméra et sur un sujet dont on connaît déjà l’issue ? Pas certain que l’aiguille de la palpitation va beaucoup s’agiter.

Et pourtant, c’est le cas ! C’est passionnant. Prenant. Choquant. Émouvant.

The Human Factor raconte, du point de vue des négociateurs dans l’entourage immédiat des présidents américains, l’histoire des récurrentes et jamais concluantes négociations entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour en arriver à un accord de paix.

Ces gens-là, on les voit à la télé ou dans des photos officielles à quelques mètres des chefs d’État, avec leur accréditation dans le cou, leur air très sérieux et la tête souvent penchée en train de murmurer quelque chose à leur patron.

Ces individus sont aussi des êtres avec des émotions, des idées à défendre, des élans d’optimisme et des moments de découragement. Avec beaucoup de finesse, le réalisateur leur donne tout l’espace nécessaire pour s’exprimer sur les enjeux des négociations israélo-palestiniennes entre 1991 et le début de 2001.

La période sur laquelle se concentre le documentaire correspond à la fin de la guerre froide. Les dirigeants de l’ex-URSS ayant d’autres chats à fouetter, les États-Unis ont occupé tout l’espace diplomatique au Moyen-Orient avec les avancées et les reculs que l’on sait : les accords d’Oslo, l’assassinat du premier ministre israélien Yitzhak Rabin, le sommet de Camp David de l’été 2000 où Ehoud Barak et Yasser Arafat n’ont pu en venir à un accord, etc.

Comme l’expression populaire le veut, le diable est dans les détails, et c’est ce que le réalisateur réussit à montrer ici en incitant les interviewés à s’arrêter sur des subtilités de la langue, des interprétations différentes, des stratégies qui ont surgi dans ces délicates négociations où le facteur humain a son importance.

On doit reconnaître que ce déploiement diplomatique se conjugue au masculin. Les femmes sont pratiquement absentes. On voit bien sûr Madeleine Albright, secrétaire d’État sous Clinton, mais elle n’est pas interviewée du fait qu’elle est ministre et non conseillère dans l’ombre.

Le film ne se conclut pas sur une note d’espoir. Un des participants résume la situation en affirmant que dans chaque camp, on se plaît uniquement à diaboliser l’autre. Dans ce contexte, l’espoir d’une solution est mince.

En salle (Cineplex Forum) en version originale avec sous-titres anglais

IMAGE FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS

The Human Factor, film de Dror Moreh

The Human Factor

Documentaire de Dror Moreh. Avec Dennis Ross, Martin Indyk, Daniel Kurtzer.

1 h 46

★★★½