Pour obtenir un visa qui pourrait lui permettre de se rendre en Europe pour rejoindre la femme qu’il aime, un Syrien réfugié au Liban accepte de se faire tatouer le dos par un artiste contemporain réputé et devient une œuvre d’art vivante exposée dans les musées.

Finaliste aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international – une première pour un long métrage tunisien –, The Man Who Sold His Skin (L’homme qui a vendu sa peau) évoque la rencontre entre le monde de l’art contemporain et celui des réfugiés. Inspirée par une œuvre vivante qu’elle a vue au Louvre en 2012 lors d’une rétrospective consacrée à l’artiste belge Wim Delvoye, la réalisatrice Kaouther Ben Hania propose ici un film qui est à la fois satire, drame romantique, tragédie, bref, un film qui aborde plusieurs thèmes, sur différentes tonalités, de façon inégale.

La cinéaste compte à son actif les longs métrages Le challat de Tunis, La belle et la meute, ainsi que, fait intéressant, Zaineb n’aime pas la neige, un documentaire tourné pendant six ans entre la Tunisie et le Québec, sorti en 2016. Kaouther Ben Hania n’a pas la dent aussi féroce que Ruben Östlund dans The Square, auquel The Man Who Sold His Skin fait inévitablement penser, mais elle évoque néanmoins ici un cas de figure où l’on est prêt à piétiner ses principes fondamentaux au nom de l’art.

Yahya Mahayni est d’ailleurs excellent dans le rôle de cet homme qui consent à ce que son corps devienne une œuvre d’art vivante, sans toutefois se douter à quel point il sera traité comme une marchandise. Dans cette histoire faustienne, le « diable » à qui il a vendu son dos porte les traits de Koen De Bouw, un acteur flamand qui tire le meilleur d’un personnage parfois dessiné à gros traits. Soulignons également la présence de Monica Bellucci dans le rôle de l’assistante de ce dernier, qui sert d’intermédiaire entre l’artiste et son œuvre.

Tourné en arabe, mais aussi beaucoup en anglais (on doit ici atteindre l’extrême limite permise par l’Académie selon les critères établis dans la catégorie du meilleur film international), The Man Who Sold His Skin ne tient malheureusement pas toutes les promesses que son formidable point de départ annonce.

The Man Who Sold His Skin est offert sur la plateforme Apple TV/iTunes en version originale avec sous-titres anglais seulement.

AFFICHE FOURNIE PAR SAMUEL GOLDWYN FILMS

Drame
The Man Who Sold His Skin (V.F. : L’homme qui a vendu sa peau)
Kaouther Ben Hania
Avec Yahya Mahayni, Dea Liane, Koen De Bouw
1 h 44
★★★