Frances Price (Michelle Pfeiffer) et son fils Malcolm (Lucas Hedges) quittent New York, où plus rien ne les retient puisque leur compte en banque est à sec. Avec leur chat, réincarnation du mari de Frances, ils s’installent à Paris, dans un appartement prêté, et se forment un nouveau cercle insolite.

French Exit (V. F. Sortie côté tour) ne pourra pas plaire à tout le monde. Il a dans son ton et son rythme cette intention d’en faire à sa tête, même si les dialogues surfaits ne convaincront pas chaque spectateur, même si la douce comédie frôlant l’absurde ne fera pas l’unanimité. Malgré tout, et même grâce à ses particularités, French Exit est un film exquis.

Disons-le d’entrée de jeu : ce que ce long métrage d’Azazel Jacobs a de mieux, c’est Michelle Pfeiffer dans le rôle principal. L’actrice américaine offre une performance magnifique et déstabilisante. En nomination aux prix Golden Globes pour son interprétation de Frances, Pfeiffer incarne un personnage que l’on comptera parmi ses grands rôles.

Et si la comédienne s’en sort si bien, c’est que Frances est tout à fait fascinante. À 60 ans, héritière de la fortune de son mari, elle n’a jamais travaillé de sa vie. Elle fait ce qu’elle veut, dit tout ce qu’elle pense et montre même quelques comportements qui suggèrent qu’elle n’a pas toute sa tête. Par exemple, l’histoire entourant la mort de son mari, dont elle a laissé le corps inanimé dans son lit toute une fin de semaine, ayant décidé d’aller skier avant de faire face à la tragédie. Frances n’a rien de très aimable, mais on parvient à nous la faire apprécier.

Son fils Malcolm, jeune adulte, n’a quant à lui, a priori, aucune personnalité. Il est l’ombre de Frances. Il parviendra à s’émanciper, en grande partie parce que sa mère lui laissera l’occasion de le faire.

Scénarisé par Patrick deWitt à partir de son roman du même nom, French Exit a été tourné à Montréal, dont les restaurants et les appartements ont servi à dépeindre New York. La misère des gens riches qui ont tout perdu n’appelle pas vraiment à l’empathie. Mais ici, la construction des personnages et du groupe disparate qui l’entoure permet de créer un pont entre ces privilégiés hostiles et le spectateur. La voyante, l’amie étrange, le détective avisé, l’ex-amoureuse confuse… tous apportent une couleur bienvenue à la vie du duo mère-fils et au film.

L’atmosphère de French Exit est parfois surréaliste, grandiose dans ses scènes de normalité. L’exercice de style, qui jongle avec le drame, la comédie, l’absurde et la théâtralité invraisemblable, est réussi. La proposition d’Azazel Jacobs est bizarre et plutôt audacieuse, mais ne nous perd pas (certains pourraient toutefois ne pas accrocher). La meilleure preuve : lorsque l’on tombe carrément dans le paranormal, sans en faire de cas – quand il est question du chat dans lequel le mari de Frances, Frank, s’est réincarné –, ça ne détonne même pas.

En salle dès vendredi

IMAGE FOURNIE PAR ENTRACT FILMS.

French Exit, d’Azazel Jacobs

French Exit

Comédie d’Azazel Jacobs. Avec Michelle Pfeiffer, Lucas Hedges, Imogen Poots, Valerie Mahaffey.

1 h 57

★★★½