« Ah ! les voyages, qui mûrissent nos cœurs et nous ouvrent au bonheur », a écrit Raymond Lévesque dans Les voyages, sa magnifique chanson immortalisée par Barbara.

Tel est le destin qui attend l’héroïne de la comédie romantique douce-amère Antoinette dans les Cévennes. Une femme qui va faire beaucoup de chemin, au propre comme au figuré, durant une semaine de vacances imprévues.

Ce film sans prétention a connu un beau succès en France l’automne dernier, en plus de valoir à l’interprète du rôle-titre, Laure Calamy, le César de la meilleure actrice. Un prix amplement mérité pour cette excellente comédienne. Calamy s’est fait connaître du grand public avec le rôle de Noémie, la pétillante secrétaire de la série Appelez mon agent (ou Dix pour cent, nom de la série en France).

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Laure Calamy est fort touchante dans Antoinette dans les Cévennes

Antoinette est une institutrice célibataire qui vit une relation clandestine avec le père d’une de ses élèves. Le film commence lorsqu’elle interprète, avec sa classe d’une école primaire, Amoureuse, le tube de Véronique Sanson… devant les parents des élèves. Le ton est donné. Antoinette est une femme libre, plus à l’écoute des palpitations de son cœur que de la morale des autres.

Lorsqu'Antoinette décide (très impulsivement) d’aller dans le Midi sur les traces de son amant, parti faire une grande randonnée en famille, sur le chemin de Stevenson, l’amoureuse ignore qu’au bout du voyage, son regard aura changé. Encore plus qu’elle s’attachera à… un âne qui transporte son fardeau. Et l’empêche de se sentir totalement seule.

Une quête universelle

Deuxième film de Caroline Vignal, 20 ans après son premier, Antoinette dans les Cévennes est librement inspiré du journal de Robert Louis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes. Le célèbre auteur et aventurier écossais avait fait, jadis, ce même chemin du Midi pour aussi soigner une peine d’amour. Avec cette idée que « nous sommes tous des voyageurs dans le désert de ce monde » en quête de bonheur.

Antoinette dans les Cévennes fait parfois penser aux films d’Éric Rohmer, période « Comédies et proverbes ». On voit d’ailleurs l’une de ses actrices fétiches, Marie Rivière, au début du film. À des années-lumière du Rayon vert, l’actrice joue ici une marcheuse qui interroge Antoinette sur les raisons de son voyage, devant tous les voyageurs à table lors d’une escale. Ce qui nous vaut une scène de malaises qui ne donne pas le goût d’emprunter le sentier avec des inconnus. Les voyages, ce sont aussi ces gens sans gêne que l’on croise sur son chemin !

Paysages choisis

Bien sûr, le film dévoile les beaux paysages montagneux de la région du Midi. Mais le plus joli paysage que Caroline Vignal nous offre est invisible pour les yeux : c’est celui de l’âme d’Antoinette.

Cette femme généreuse et naïve représente un personnage merveilleux pour une actrice aussi douée que Laure Calamy. Celle-ci porte carrément le film sur ses épaules.

Son Antoinette arrive à nous faire rire et pleurer, parfois dans une même scène. Comme lorsqu’elle soliloque avec son âne dans les sentiers solitaires, en lui confiant tous ses tourments amoureux. Sans tomber dans le ridicule.

Au pays de Truffaut, où certains hommes passent aisément de femme à maîtresse – sans rien changer à leur vie –, ce film a le mérite de nous montrer le point de vue de l’abandonnée. Celle qui espère et attend sans cesse. Tel un personnage des romans de Flaubert, Antoinette déborde de gaieté pour masquer une mélancolie profonde. Une blessure invisible. Si la fin du film est décevante, un peu abrupte, le destin de son héroïne va nous accompagner longtemps.

Antoinette dans les Cévennes est actuellement à l’affiche.

AFFICHE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Antoinette dans les Cévennes, de Caroline Vignal

Comédie
Antoinette dans les Cévennes
Caroline Vignal
Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte.
1 h 37
★★★★