Seule en vacances au bord de la mer, Leda (Olivia Colman) développe une fascination pour Nina (Dakota Johnson), une jeune mère de famille épuisée par les demandes incessantes de sa fillette. Ces scènes familières renvoient Leda dans son passé alors qu’elle était une jeune mère ayant fait des choix aux conséquences insoupçonnées.

De toutes ses vacances au bord de la mer, dans une île grecque, le seul moment de pur bonheur vécu par Leda survient… avant son arrivée à destination.

La légèreté, l’abandon, l’insouciance qu’elle projette, et que nous ressentons, alors qu’elle conduit sa voiture vers le lieu de villégiature où elle doit déposer ses valises ne reviendront jamais dans l’histoire.

Après cela, tout vacille. Son contact avec Nina, une jeune mère au bout du rouleau, la renvoie non seulement aux années où elle-même, maman de deux petites filles, tentait de terminer un mémoire de maîtrise, mais aussi à toutes les pensées négatives, honteuses, cachées, qui lui sont alors passées par la tête.

« Je travaille, je suffoque », dit-elle à son conjoint dans une des nombreuses scènes en flashback où Leda est incarnée par l’excellente Jessie Buckley (Wild Rose, Judy).

Leda se souvient aussi de ces moments, salvateurs, où elle pouvait se rendre en congrès auprès de savants collègues avec qui parler littérature, le cœur léger et sans aucun remords pour sa famille laissée derrière.

Or, voilà, dans son île grecque où elle est venue se reposer, un cocktail de sentiments contradictoires la subjugue : culpabilité, honte, colère, mensonge.

S’ajoute à cela le regard toujours réprobateur et soupçonneux de la famille psychorigide de Nina. Comme si chacun des membres de cette famille savait que Leda s’est rendue coupable d’un acte incompréhensible : elle a volé la poupée d’Elena, fille de Nina.

Leda s’étourdit, perd ses repères. Leda est une mère à la mer. Et la mer est agitée. S’en sortira-t-elle avant la fin de la tempête ?

Pour un premier long métrage à titre de scénariste et de réalisatrice, Maggie Gyllenhaal a frappé juste. Son adaptation du roman Poupée volée d’Elena Ferrante (également le titre de la version française du film) est tout en finesse, en subtilités, émaillée de dialogues comme de silences percutants. Cela lui a d’ailleurs valu le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise où le film a été présenté en première mondiale.

Sa mise en scène est tout aussi éclatante. Les personnages, nombreux, sont filmés au plus près. L’alternance entre les scènes du passé et du présent nourrit bien l’histoire. Des éléments pouvant à la base paraître banals (un panier de fruits pourris, une cigale, une épingle à cheveux, la poupée d’Elena) constituent de puissantes métaphores.

Mais surtout, la cinéaste s’est entourée d’une distribution de prestige. Le film est porté par trois comédiennes de grand talent : Olivia Colman, Jessie Buckley et Dakota Johnson. Plusieurs acteurs dans les rôles secondaires sont tout aussi remarquables. Il ne serait pas surprenant que le film remporte des prix pour l’ensemble de sa distribution.

En salle ce vendredi et sur Netflix le 31 décembre.

The Lost Daughter

DRAME

The Lost Daughter

Maggie Gyllenhaal

Avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Dakota Johnson

2 h 01

7/10

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