En 1988, À Saint-Élie-de-Caxton, Fred, un gamin de 11 ans, craint pour la vie de sa grand-mère malade. Pour le rassurer, celle-ci lui raconte l’histoire des gens de son village qui, en 1927, ont endigué le travail de L’Arracheuse de temps. Et depuis, de la mort naissent les légendes…

À quoi servent les contes ? À se créer des peurs. À apprendre des leçons de vie. Un peu aussi à faire baisser le niveau d’inquiétude lorsque le quotidien exerce de fortes pressions sur les cœurs.

Ainsi, pour rassurer son petit-fils Fred (Oscars Desgagnés), grand-mère Bernadette (Michèle Deslauriers) lui raconte ce qui s’est passé à Saint-Élie-de-Caxton en 1927, quand des personnages aussi dépareillés que les cheveux sur la tignasse du coiffeur Méo (Marc Messier) étaient engagés dans une course contre… la mort.

Du coup, nous voilà propulsés en 1927 où tout est possible puisque nous sommes… dans un conte ! Au scénario, Fred Pellerin s’amuse à dessiner des personnages évoluant dans un décor charmant, fruit de la mise en scène soignée de Francis Leclerc.

Dans sa première moitié, l’histoire est splendide, drôle, sensée. Les personnages sont bien définis. La ligne directrice est claire. On sait que dans ce village où tous les individus sont un peu fêlés, un drame se dessine depuis que la foudre a frappé le pommier de la place centrale et a rendu les pommes, même noircies, plus attirantes, mais plus létales, que jamais.

Heureusement, la même Bernadette (Jade Charbonneau), qui a alors 20 ans, est assez dégourdie pour deviner ce qui s’en vient. Du coup, elle va chercher l’aide de la Stroop (Céline Bonnier) pour courber, littéralement, le destin du village.

Tout cela nous est présenté dans un décor bucolique mâtiné de quelques effets fantastiques. Une des meilleures scènes survient lorsque L’Arracheuse de temps s’apprête à prendre la vie de Junior (Antoine Bergeron), un des 472 enfants de Mme Gélinas (Geneviève Schmidt).

Malheureusement, on s’égare dans des scènes avec moins de souffle dans la seconde partie. Le défi lancé à Méo de cuisiner une tarte aux pommes avant sa propre mort, la campagne d’autopromotion de Toussaint (Émile Proulx-Cloutier) pour sa soirée de cartes et le partage des pommes dans l’église nous paraissent moins en phase avec la première partie, elles sont moins fluides, moins accrocheuses.

Cela dit, le jeu des comédiens est impeccable, notamment celui de Jade Charbonneau et de Céline Bonnier. Cette dernière incarne avec aplomb et retenue une femme moderne et mystérieuse, mélange de sorcière, de Louise Brooks, d’Amelia Earhart et de Calamity Jane.

Au récit, Fred Pellerin est au sommet de son art dans les dialogues et monologues, comme lorsque le forgeron Riopel (Guillaume Cyr), père à la tête d’une famille monoparentale, décline ses gestes de père aimant à sa fille Belle Lurette (Marie-Ève Beauregard). Tiens, voilà encore un passage où il est question de rassurer son entourage. Ce qui nous fait conclure que si le film est parfois inégal dans sa structure, il frappe dans le mille avec son message.

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L’Arracheuse de temps

Conte fantastique

L’Arracheuse de temps

Francis Leclerc

Avec Jade Charbonneau, Céline Bonnier et Oscar Desgagnés

1 h 54

6/10