Une jeune femme (Éléonore Loiselle) qui s’est enrôlée dans l’armée noue une relation malsaine avec son supérieur (David La Haye), jusqu’au moment où la situation s’envenime lors d’une périlleuse mission.

Quelque part entre le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick et le Beau travail de Claire Denis se situe cet intense récit d’initiation, où une âme perdue cherchant sens à son existence décide de suivre les traces de son père en devenant soldate.

La jeunesse en quête de repères se construit ainsi une identité en reconduisant le modèle du patriarcat, adhérant à ses règles d’ordre, de discipline, de soumission et d’obéissance. Mais une fois trahie, abusée et écartée du front, l’héroïne victime peinera à se reconstruire.

Écrit par Cynthia Tremblay, Guerres demeure en phase avec le précédent et excellent court métrage de son cinéaste Nicolas Roy. Présenté à Cannes en 2011, Ce n’est rien était déjà un voyage sombre et oppressant au bout de la nuit, mêlé d’errance, de solitude et du désir latent de confrontation.

Une œuvre inscrite dans la noirceur la plus opaque. À l’image de ce premier long métrage minimaliste et austère, un peu trop, d’ailleurs. La mise en scène rigide, le rythme ankylosé et l’abstraction des situations finissant quelque peu par tenir le spectateur à l’écart.

Un sentiment de malaise ne tarde cependant pas à s’installer. Une tension palpable que retransmet le montage fluide et organique. Monteur chez Denis Côté, Nicolas Roy affine ici son art en allant à l’essentiel, privilégiant la respiration des corps à l’explication des mots.

La réussite de l’entreprise repose toutefois sur les épaules d’Éléonore Loiselle, dont l’investissement physique et émotionnel lui a permis d’être sacrée meilleure actrice à Karlovy Vary. L’inoubliable comédienne de La déesse des mouches à feu et de Dérive offre une autre composition saisissante, mêlée de force et de vulnérabilité. Face à elle se dresse David La Haye, plus habité que jamais en symbole insidieux de la masculinité toxique.

En multipliant les luttes internes et externes en terrains fragiles et inconnus, Guerres (le s prend toute son importance) est loin d’être un film facile. Il mérite d’ailleurs un certain investissement du cinéphile. Son ambiguïté, la dévotion de sa protagoniste et ses thématiques rarement traitées au cinéma emportent toutefois l’adhésion. Personne ne ressortira indemne de ce champ de bataille.

En salle dès ce vendredi et sur Crave dès le 21 novembre

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Guerres

Drame

Guerres

Nicolas Roy

Avec Éléonore Loiselle, David La Haye, Fanny Mallette

1 h 24

7/10