Dans un avenir lointain, en 10 191, Paul Atréides (Timothée Chalamet) a le destin de son peuple entre les mains. Ce jeune fils de duc, qui a des dons très particuliers, doit se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – Arrakis, aussi connue sous le nom de Dune –, où l’on retrouve l’Épice, précieuse ressource aux vertus multiples que tous s’arrachent.

Il croise sur son chemin les Fremen, peuple du désert à la fois craint et méprisé qui s’est adapté à son sort et aux conditions inhumaines d’Arrakis. Ils devront combattre un ennemi commun, le sanguinaire baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgard, qui rappelle le colonel Kurtz de Marlon Brando dans Apocalypse Now).

S’il est un premier défi que le cinéaste québécois Denis Villeneuve relève avec brio dans Dune – Part 1, c’est de rendre compréhensible aux non-initiés la première moitié du roman, réputé inadaptable, de Frank Herbert, écrit en 1965. Plusieurs s’y sont cassé les dents, à commencer par David Lynch en 1984, dans un film (le seul) qu’il a désavoué par la suite.

Villeneuve, admirateur de la bible de science-fiction de Herbert depuis l’adolescence, s’est entouré à la scénarisation du vétéran Eric Roth (Forrest Gump, Munich, The Insider) ainsi que de Jon Spaihts (Doctor Strange). Ils ont livré, à six mains, une adaptation concise et cohérente de ce début de récit – 2 heures 35 minutes sans temps morts – qui, si les dieux du cinéma et surtout du box-office sont cléments, aura bientôt droit à une conclusion.

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« Timothée Chalamet est magnétique dans le rôle de Paul », estime Marc Cassivi.

Il reste que c’est la mise en scène, élégante, majestueuse, spectaculaire, de Villeneuve qui retient surtout l’attention. Dune est un blockbuster d’auteur dans le meilleur sens du terme. Un film à grand déploiement, épique, ambitieux, qui porte la signature esthétique de Denis Villeneuve. Les courbes des vaisseaux spatiaux rappelant Arrival, les prises de vues aériennes d’hélicoptères (en forme de libellules) évoquant Sicario, les décors arides faisant inévitablement penser à Blade Runner 2049, voire à Incendies.

On retrouve dans le 10long métrage de Villeneuve, en condensé et dans toute sa splendeur, le savoir-faire et la maestria du cinéaste québécois. Autant dans les images de combats – des guerriers Fremen surgissent des sables comme les samouraïs d’un film de Kurosawa – que dans le calme inquiétant du désert ocreux d’Arrakis, hostile et menaçant, où se terrent des vers de sable géants.

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Timothée Chalamet et Charlotte Rampling dans une scène de Dune

Dune en met plein la vue et les oreilles, le grand compositeur Hans Zimmer donnant à l’ensemble des airs d’opéra futuriste. Si l’adaptation de Villeneuve est plus lisse, policée et, forcément, plus classique que celle de Lynch, elle donne à l’écran des résultats autrement plus convaincants. Ce sont deux films, à vrai dire, qui se comparent difficilement, même s’ils ont été inspirés par le même roman.

Le Dune de Villeneuve est à la fois un film d’action spectaculaire et une œuvre intimiste, qui explore la psychologie de son personnage principal. Timothée Chalamet est magnétique dans le rôle de Paul, figure messianique, qui utilise sa voix comme d’autres « la Force » dans Star Wars (qui s’est inspiré en partie du roman de Frank Herbert). Dune s’intéresse à la filiation, notamment entre Paul, son père, le duc Leto Atréides (Oscar Isaac), et sa mère, Dame Jessica (Rebecca Ferguson), qui lui a légué des pouvoirs surnaturels. Ainsi qu’à des thèmes plus généraux tels que la colonisation, le traitement réservé à des civilisations millénaires ou encore l’exploitation éhontée des ressources naturelles.

Denis Villeneuve a fait appel à plusieurs collaborateurs de longue date pour son projet le plus ambitieux, notamment au directeur artistique québécois Patrice Vermette et au monteur Joe Walker. La direction photo a été confiée cette fois à Greig Fraser, qui prend le relais de Roger Deakins. Les images sont saisissantes de beauté. Elles sont d’ailleurs à voir si possible en format IMAX. S’il y a un film qu’il serait quasi criminel de regarder sur sa télé ou sa tablette, c’est bien celui-là !

En salle

Dune – Part One

Drame de science-fiction

Dune – Part One

Denis Villeneuve

Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac

2 h 35

8/10

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