Histoire de la formation et du parcours éphémère, mais singulier de The Velvet Underground, mythique groupe rock new-yorkais formé au milieu des années 1960. Le film s’attarde au rôle du leader Lou Reed et à ses relations avec les autres musiciens, la chanteuse Nico et l’artiste pop Andy Warhol.

Avec ses films I’m Not There et Velvet Goldmine, on a pu voir dans le passé l’intérêt que porte le réalisateur américain Todd Haynes à la musique et à ses créateurs. Dans cette optique, l’ajout de The Velvet Underground à sa filmographie est à marquer d’une pierre blanche. Car ce film est réussi. Très réussi.

Le sujet s’y prêtant magnifiquement, le réalisateur l’a traité avec une mise en scène électrisante, syncopée, éclatée. Images en noir et blanc, souvent granuleuses, cadence alternant entre le ralenti, le défilement normal, l’accéléré et le super accéléré, collages, effets stroboscopiques : tout y passe !

Déjà, le spectateur en a plein la vue. Mais sur le plan de la recherche, c’est encore plus spectaculaire.

Todd Haynes et son équipe ont bien fait leurs devoirs. Ils donnent la parole à une bonne vingtaine de personnes ayant gravité dans l’orbite du groupe, que ce soient les musiciens John Cale, Sterling Morrison et Maureen Tucker ou de nombreux proches. Ainsi témoignent Merrill Reed-Weiner, sœur de Lou Reed, La Monte Young, compositeur ayant beaucoup influencé John Cale, ou encore Mary Woronov, actrice et une des Superstars d’Andy Warhol à la Factory.

Tous sont très habités par leur sujet. Tous ont des choses à dire. Ils sont cohérents, éloquents, convaincus et convaincants. Parfois critiques aussi, parce que Lou Reed, mort en 2013, avait sa personnalité atypique.

D’autres moments sont drôles, comme lorsque Mary Woronov raconte le choc culturel ressenti par le groupe et sa garde rapprochée en débarquant en Californie. Si Velvet régnait sur New York, The Mamas and the Papas chantaient le soleil californien. « On haïssait ces hippies », laisse tomber, les dents serrées, la comédienne.

Évidemment, un long passage est consacré à Nico (morte en 1988), chanteuse et mannequin allemande qui a brillé de mille feux durant la période entourant l’enregistrement du premier album du groupe.

Beaucoup de pièces du groupe, notamment Rock and Roll, Foggy Notion, White Light/White Heat, Run Run Run et I’ll Be Your Mirror, accompagnent la narration.

L’ensemble est très frontal, trash, hallucinant. Sans doute choquant pour certains, mais toujours extraordinairement envoûtant.

Ce film, ou plutôt ce voyage fantastique, aurait très bien sa place en tant qu’installation dans un musée d’art contemporain. L’idée est lancée. Qui sait.

Sur Apple TV+

The Velvet Underground

Documentaire

The Velvet Underground

Todd Haynes

Avec John Cale, Sterling Morrison, Maureen Tucker

2 h 01

8/10