Au cours d’une rencontre entre l’équipe du film Sam et les médias montréalais, le réalisateur Yan England disait qu’à ses yeux, le but premier, en allant au cinéma, est d’être surpris, de vivre des choses auxquelles on ne s’attend pas. Il a scrupuleusement appliqué cette philosophie à son film et on peut dire que c’est réussi.

Thriller psychologique ayant comme toile de fond la natation de haut niveau, Sam est aussi palpitant qu’une finale olympique. Le film a aussi des allures de combat de boxe. Un combat où le spectateur encaisse les coups à répétition. Et quels coups !

Bang ! Le premier nous arrive quand on s’y attend le moins. On a à peine le temps de reprendre notre souffle que… bang ! On se retrouve encore une fois sonné, comme si la foudre nous avait frappé. Et ça ne fait que commencer !

Le cinéaste a raison de dire que son deuxième long métrage n’est pas un film de natation.

Au-delà du sport qui sert ici, sans jeu de mots, de tremplin, le long métrage est une œuvre miroir qui expose les conséquences de nos actes et suscite des questions à ce sujet.

À travers le héros et quelques personnages secondaires, le spectateur se demandera s’il aurait pris le même chemin.

Incarné par Antoine Olivier Pilon, toujours solide, Sam est un nageur de haut niveau ambitieux et rêvant de podium olympique. Guidé par sa sœur aînée Judith (Mylène Mackay), il s’entraîne intensément et… aveuglément. Il n’y a rien d’autre dans la vie de Sam que la compétition. Il n’y a pas de plan B.

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

Antoine Olivier Pilon dans Sam

Or, un évènement incontrôlable bouscule sa vie personnelle et crée un effet domino sur celles des membres de son entourage et de quelques inconnus. La route de Sam croisera en effet celles d’Océanne (Milya Corbeil-Gauvreau) et de Marc (Stéphane Rousseau) qui l’amèneront vers de nouveaux horizons.

Sans temps mort

Concentrée à l’intérieur de 95 minutes, l’histoire est rythmée, sans temps mort. Elle est tissée de beaucoup d’éléments, de rebondissements et de coïncidences qui arrivent évidemment au moment opportun. De sorte que certains éprouveront peut-être de difficultés à croire à cet improbable alignement des planètes.

De notre côté, l’impression est que Yan England ne voulait pas amener son public sur le même terrain que celui de son film 1 : 54. Il a inoculé à Sam un petit côté feel-good pleinement assumé.

Le projet ne bénéficiait pas d’un énorme budget et cela se ressent à certains endroits. Mais le cinéaste a su compenser en intervenant partout où il le pouvait.

Sa direction d’acteurs est très correcte, notamment avec Stéphane Rousseau appelé à passer par toutes les émotions (cassant, ému, en colère). La prise de son donne du relief aux séquences dans la piscine. Le générique d’ouverture est inventif avec ses formats inusités. Quelques plans, tournés caméra à l’épaule, permettent de surligner la tension ambiante.

Enfin, Montréal est filmé autrement. On devine la ville, on la perçoit, on la frôle sans que ce soit jamais frontal. Un plan singulier est entre autres tourné à partir du toit du cégep Édouard-Montpetit.

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS SÉVILLE

Mylène Mackay incarne Judith dans Sam

Par contre, la finale, un peu précipitée, laisse sur la touche une histoire non aboutie, celle de Judith, directement impliquée dans le parcours de Sam. Son rôle était trop important pour l’abandonner ainsi en cours de route.

À cause du même canevas de base, la natation de haut niveau, certains feront des comparaisons entre ce film et Nadia, Butterfly de Pascal Plante. Or, ces histoires ont des approches narratives et formelles très différentes. S’il y a un endroit où elles se rejoignent, c’est dans leur exploration des conséquences psychologiques d’un investissement personnel total.

Par ailleurs, les deux œuvres ont évité le mélodrame insipide d’un parcours gagnant vers la plus haute marche du podium. Et c’est très bien.

En salle

Sam

Thriller psychologique

Sam

Yan England

Avec Antoine Olivier Pilon, Mylène Mackay et Stéphane Rousseau

1 h 35

7/10