Atteinte d’une maladie incurable, une femme cherche à retrouver l’enfant à qui elle a donné naissance alors qu’elle était âgée de 15 ans et qu’elle a été forcée d’abandonner. L’appuieront dans sa quête un fonctionnaire dépressif ayant raté sa tentative de suicide et un archiviste aveugle…

Albert Dupontel a visiblement une vision pessimiste du monde et de la vie. Mais au lieu de rager et de se laisser envahir par ses indignations, il a pris le pari d’en rire. Et de nous entraîner dans un univers burlesque où l’on rit avec lui, tout en reconnaissant bien le constat social auquel il nous confronte. Là réside d’ailleurs la force d’Adieu les cons, le plus récent opus d’un créateur qui, de film en film, construit une œuvre solide et cohérente. Même en orchestrant des situations absurdes, Dupontel parvient à toucher des cordes auxquelles chaque être humain peut être sensible d’une façon ou d’une autre.

Fidèle à son habitude, le réalisateur de 9 mois ferme, qui revient à un scénario de son cru après avoir porté à l’écran – avec grand succès – Au revoir là-haut, le roman de Pierre Lemaitre, donne la part belle à ceux qui se sentent marginalisés, souvent oppressés par un système qui ne peut s’adapter à eux. Le périple désespéré dans lequel s’engage une coiffeuse dont les jours sont comptés – elle s’est intoxiquée en respirant trop de vapeur de fixatif – n’en devient que plus émouvant, d’autant qu’il fait écho au thème de la filiation, très présent dans l’œuvre du cinéaste.

Dédié à Terry Jones, marqué aussi par une participation de Terry Gilliam, Adieu les cons évoque le genre d’humour qu’affichait en son temps le groupe anglais Monty Python, qu’idolâtre Albert Dupontel. Truffé d’idées originales et décapantes, le récit n’en devient que plus captivant, d’autant que son auteur n’a visiblement que faire de la rectitude politique ambiante. Si l’on sent parfois son insistance à vouloir toucher le spectateur à tout prix, la manière reste originale et convaincante. Et le dénouement est tout à fait inattendu.

Entre les émotions liées à une quête intime et les situations burlesques dans lesquelles son personnage est plongé, Virginie Efira offre une composition remarquable, dans un rôle pourtant difficile à moduler. Face à elle, Albert Dupontel promène sa dégaine de sympathique désœuvré, fonctionnaire informaticien déçu de ne pas avoir été choisi pour une promotion convoitée. Et puis, il y a Nicolas Marié. Cet habitué de l’univers du cinéaste, lauréat du César du meilleur acteur dans un second rôle grâce à sa performance, se glisse ici avec un aplomb de tous les instants dans un personnage d’archiviste aveugle, qu’il transforme en complice irrésistible.

Lauréat de sept trophées à la cérémonie des Césars du cinéma français, dont ceux attribués au meilleur film, à la meilleure réalisation et au meilleur scénario, Adieu les cons est maintenant à l’affiche en salle.

Adieu les cons

Comédie dramatique

Adieu les cons

Albert Dupontel

Avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié

1 h 27

8/10