La pression était énorme sur les épaules d’Enrico Casarosa, appelé à faire honneur à la réputation du studio d’animation Pixar, qui accumule les succès grâce à des productions remarquables comme Soul (Âme), Coco, Inside Out (Sens dessus dessous), Up (Là-haut) et Toy Story (Histoire de jouets). À la barre de son tout premier film d’animation, Luca, le réalisateur a admirablement relevé le défi en proposant une histoire touchante, campée dans l’authenticité de ses racines italiennes.

Originaire de Gênes, le Californien d’adoption s’est inspiré de sa jeunesse passée au bord de la mer, poussant plus loin l’univers qu’il avait commencé à dépeindre dans son court métrage d’animation La Luna, réalisé pour Pixar en 2011. Dix ans plus tard, le film d’animation Luca nous entraîne dans un monde pittoresque au cœur de la Riviera italienne, où villageois et monstres marins apprennent à se côtoyer. Les préjugés finissent par se dissiper, mais la magie demeure jusqu’à la fin, propulsée par des images d’une beauté saisissante et des personnages sympathiques qui évoluent au gré d’un été inoubliable. Une infinité de détails renforcent l’impression d’être transporté dans la région de la Ligurie, allant de la nourriture jusqu’à l’utilisation de cartes italiennes.

IMAGE FOURNIE PAR DISNEY

L’action se déroule à la fois sous l’eau et sur terre, dans un village portuaire pluricentenaire aux maisons colorées. Luca (à gauche) et Alberto découvrent un nouvel univers.

L’action se déroule à la fois sous l’eau et sur terre, dans un village portuaire pluricentenaire aux maisons colorées à flanc de colline, à la fin des années 1950 et au début des années 1960. La musique italienne estivale de l’époque donne le ton, tout comme l’extase que suscite un rutilant scooter de marque Vespa. Le bleu de la mer est omniprésent et les riches couleurs sont lumineuses, sous le chaud soleil des Cinque Terre.

Le style de l’animation, qui semble faite à la main et conserve une qualité presque enfantine, renforce le fait que l’histoire est racontée du point de vue de Luca et d’Alberto, deux amis qui deviennent inséparables le temps d’un été.

Luca (Jacob Tremblay) et Alberto (Jack Dylan Grazer), deux monstres marins au début de l’adolescence, n’ont de monstre que le nom. Luca est surprotégé par sa mère, qui lui défend de s’aventurer hors de l’eau et d’interagir avec les humains. Il rencontre Alberto, plus dégourdi, qui l’encourage à sortir de sa zone de confort. Visuellement, les deux créatures sont fort intéressantes, puisqu’elles prennent la forme de garçons de leur âge lorsque leur peau est sèche, mais se couvrent de nouveau d’écailles et retrouvent leurs nageoires au moindre contact avec de l’eau.

Les deux complices osent se rendre dans un village, où ils se lient d’amitié avec Giulia (à qui Emma Berman prête sa voix), une jeune fille pleine d’entrain, qui donne le goût à Luca d’étudier et d’élargir ses horizons. Le trio joint ses efforts pour gagner une compétition. Les deux garçons n’ont qu’une envie : récolter suffisamment d’argent pour acheter un Vespa. Pour demeurer incognito, ils doivent par tous les moyens éviter d’être mouillés. Ce qui est plus difficile qu’il n’y paraît et donne lieu à de nombreuses scènes très drôles.

Tous les membres de la famille y trouveront leur compte. De nombreux thèmes sont explorés, comme la quête de l’indépendance, le dépassement de soi, l’importance de l’amitié et la force des liens familiaux. À ce chapitre, Daniela Paguro, mère de Luca (l’excellente Maya Rudolph), et la grand-mère Paguro (Sandy Martin) sont particulièrement craquantes. Mais par-dessus tout, le film d’animation soulève de façon fort habile les questions de l’acceptation de soi, de l’inclusion et de l’ouverture à la différence de l’autre. Un message qui s’avère des plus contemporains.

Présenté à compter du 18 juin sur Disney+

Luca

Film d’animation

Luca

Enrico Casarosa

Avec les voix de Jacob Tremblay, Jack Dylan Grazer, Maya Rudolph

1 h 36

8/10