Séparés depuis peu de temps, David et Niki, parents de quatre enfants, vivent l’un près de l’autre dans le même village. Même s’ils se sont accordé le droit de fréquenter d’autres personnes, David est bouleversé de découvrir que Niki a un nouvel homme dans sa vie. Une situation qui chamboulera la vie de tout le monde.

À mi-chemin du film The Killing of Two Lovers, le personnage central de David (Clayne Crawford) embarque un mannequin masculin lourd et massif à l’arrière de sa camionnette. Il l’apporte au milieu d’un champ et décharge, deux fois plutôt qu’une, un pistolet à six coups en sa direction. Puis, il va le regarder dans le blanc des yeux.

Cette scène remarquable ferait sans doute un excellent exercice d’analyse dans une classe de psychologie. Le simple fait de la décrire ici nous laisse encore estomaqué. C’est d’une puissance narrative qui mérite l’admiration.

L’écriture, la direction d’acteurs, les décors, les cadrages, les idées de mise en scène de ce long métrage intimiste et loin des standards vont ainsi longtemps nous rester en mémoire.

Évoquons un autre détail. Lorsque, dans la scène d’ouverture, David est dans la chambre de Niki et voit l’amant dans le lit conjugal, regardez bien l’affiche au mur. Brillant ! Mais on ne vous en dira pas plus.

Comme il y en a des centaines au cinéma, The Killing of Two Lovers est une histoire de séparation. Mais elle est campée dans un décor singulier, naturaliste, avec des personnages dont on croit chacune des paroles, chacun des gestes.

C’est une histoire de l’Amérique profonde. Une histoire se déployant dans un village sans nom et sans âme, dont le décor est aussi hirsute que la barbe et les cheveux de David. C’est rugueux, sale, paumé, dénudé, plein de culs-de-sac et de champs remplis de déchets pétrifiés.

C’est un film dont les deux personnages centraux vivotent dans un quotidien d’essais et d’erreurs, où chacun doit s’habituer à sa nouvelle condition de vie. Et où chacun, y compris Derek, le nouveau copain de Niki, fait un geste de trop.

Sans s’en rendre compte, le spectateur est invité à choisir son camp. À qui ressemble-t-il ? Comment aurait-il agi ? Comment se serait-il comporté avec les enfants qui occupent une place importante dans l’histoire ? Surtout l’aînée Jesse (Avery Pizzuto), dont le rejet de la situation donne plusieurs beaux et francs dialogues avec son père.

Abonné au festival Sundance, Robert Machoian est un cinéaste indépendant dont le travail mérite d’être vu. Dans notre cas, ce fut une belle découverte.

Au Cinéma du Parc et en VSD en version originale anglaise dès ce vendredi.

Consultez l’horaire du film

AFFICHE FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

The Killing of Two Lovers, de Robert Machoian

The Killing of Two Lovers

Drame de Robert Machoian
Avec Clayne Crawford, Sepideh Moafi et Chris Coy
1 h 24
★★★★