Un dandy bon vivant, philosophe et un brin délinquant, s’enlise progressivement auprès des cinq femmes qui gravitent autour de lui.

Honnêtement, il nous faut quelques minutes avant de se faire à la manière, au ton, au niveau de langage, à la distance. Comme entrée en matière, Denis Côté (Vic+Flo ont vu un ours, Répertoire des villes disparues) orchestre un plan séquence – et fixe – d’une durée de près de 15 minutes, au cours duquel deux personnages filmés de loin se parlent à très bonne distance l’un de l’autre. Sur papier, Hygiène sociale aurait sans doute pu être relégué dans la catégorie des exercices de style admirables mais un peu vains. Dans son incarnation, ce film inclassable va pourtant bien au-delà. Cette comédie d’esprit, magnifiquement bien écrite, parsemée de moments réjouissants, est même à classer dans la frange supérieure de l’œuvre singulière du réalisateur de Curling.

Le parti pris de la distance, établi dès l’étape de l’écriture il y a six ans, n’a rien du compromis de mise en scène dû aux circonstances, mais il se révèle néanmoins drôlement approprié en cette époque pandémique. Quand, dans la première scène, Solveig (Larissa Corriveau), mains constamment sur les hanches, commence à enguirlander son frère Antonin (Maxim Gaudette) pour lui adresser des reproches, le ton déclamatoire qu’elle emprunte a d’évidence de quoi surprendre au départ. Les dialogues sont entièrement rendus de cette façon théâtrale dans un français plus pointu, mis à part un petit décrochage de quelques secondes, le temps de laisser tomber par dépit deux jurons québécois bien sentis.

Cinq femmes viennent tour à tour discuter avec Antonin, un apprenti cinéaste qui gagne sa croûte en commettant des larcins, chacune tentant de faire entendre « raison » à un homme ayant des idées bien arrêtées sur l’amour, l’art, la société. Et qui n’a que faire des conventions. Hygiène sociale est également riche d’atmosphères. L’environnement sonore de ce long métrage tourné en pleine nature ajoute même parfois une touche d’humour plus souterraine. Ce travail sur le son n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui que Denis Côté avait proposé dans Bestiaire…

Pratiquement de tous les plans, Maxim Gaudette offre une performance remarquable, tout autant que l’ensemble de la distribution. Outre Larissa Corriveau dans le rôle de la sœur d’Antonin, Évelyne Rompré (l’épouse), Eve Duranceau (la femme convoitée), Kathleen Fortin (l’envoyée du ministère du Revenu) et Éléonore Loiselle (l’une des victimes d’Antonin) parviennent toutes à trouver le ton juste. Sans cette qualité de jeu, jamais cette entreprise casse-gueule n’aurait pu être aussi réussie.

En salle dès maintenant.

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AFFICHE FOURNIE PAR INSPIRATRICE & COMMANDANT

Hygiène sociale, de Denis Côté

Hygiène sociale

Comédie de Denis Côté
Avec Maxim Gaudette, Larissa Corriveau, Évelyne Rompré
1 h 15
★★★½