La sortie du long métrage d’animation Félix et le trésor de Morgäa le jour où les salles de cinéma rouvrent leurs portes partout au Québec est digne… d’un scénario de film.

Car sans être un chef-d’œuvre d’animation, ce long métrage possède tous les ingrédients du film familial : des personnages colorés, des rebondissements rigolos, le goût de l’aventure, de l’évasion, de la découverte, mais aussi du voyage intérieur, plus précisément vers le cœur et la famille. Car le cœur, voyez-vous, est la première île aux trésors que chacun d’entre nous devrait explorer.

Le scénariste Marc Robitaille et le réalisateur Nicolas Lemay l’ont bien compris en nous proposant cette histoire campée aux Îles-de-la-Madeleine et dans laquelle Félix (voix de Gabriel Lessard) profite du fait que sa mère est en vacances pour partir au large, en direction de l’Île-de-la-Nuit-Éternelle où, croit-il, son père, disparu depuis deux ans, se trouverait.

Aidé par Tom (Guy Nadon), capitaine d’un rafiot qui cultive aussi un vieux deuil, Félix débarquera sur la fameuse île. En explorant une de ses grottes (une dimension inévitable dans ce genre de récit), il découvrira le royaume secret de Morgäa, croisement entre l’Atlantide et une secte dont les membres, menés par l’intrigante Morgäa (Karine Vanasse), cherchent la jeunesse éternelle.

La force du film réside dans le scénario de Marc Robitaille, qui va à l’essentiel sans s’égarer dans des histoires secondaires inutiles.

Les sentiments qu’on cherche à nous faire vivre – la perte, l’espoir, le goût d’aller au bout de ses rêves – nous sont parfaitement transmis sans être assommants.

On ne saurait trop dire combien la présence du personnage de Tom, et la performance de Guy Nadon lui prêtant vie, est centrale dans cet exercice réussi. Contrairement aux films précédents de la maison de production 10Ave, il nous semble que ce personnage du vieux sage est plus affirmé et fait un meilleur contrepoids au personnage principal qu’est Félix. Et avec sa voix ronde, chaude et enveloppante, Guy Nadon lui donne beaucoup d’étoffe.

Même si l’ambiance générale est juste assez décalée et un peu hors du temps, quelques petites références nous ancrent dans le présent. Comme cette scène où Mylène (Catherine Proulx-Lemay), la mère de Félix, possède une tablette et un téléphone intelligent. Mais il y a surtout ce passage hilarant d’un appel téléphonique avec une voix automatisée digne des meilleurs dédales administratifs (pour le français, faites le 1).

On s’en voudrait enfin de ne pas saluer le travail du compositeur Gilles Léveillé, dont la trame sonore sonne comme un grand orchestre. Elle nous plonge dans l’aventure avec une pulsion musicale digne des grands blockbusters américains. L’aspect « feel good movie » n’en est que mieux mis en valeur.

Il ne reste qu’à souhaiter que l’équipe rassemblée autour de ce film émaillé de bonnes valeurs puisse travailler de nouveau ensemble et soit frappée par la même grâce. Et que les salles de cinéma demeurent ouvertes une fois pour toutes !

En salle dès ce vendredi

IMAGE FOURNIE PAR MAISON 4 : 3

Félix et le trésor de Morgäa, de Nicola Lemay

ANIMATION
Félix et le trésor de Morgäa
Nicola Lemay (idée originale et réalisation) et Marc Robitaille (scénario)
Avec les voix de Gabriel Lessard, Guy Nadon, Karine Vanasse et Catherine Proulx-Lemay
1 h 25
★★★½