La déesse des mouches à feu est une immersion totale au cœur de l’adolescence.

L’adolescence des années 90. Celle de Catherine, une jeune Saguenéenne de 16 ans dont les parents sont en train de se séparer à coups de disputes épiques (à mille lieues de la tendance actuelle de l’uncoupling).

Catherine aime le groupe Hole et ses bottines Dr. Martens rouges. Pour ses 16 ans, c’est le rêve : elle reçoit un Discman et le livre Moi, Christiane F., droguée, prostituée.

Catherine n’a pas de téléphone intelligent et les réseaux sociaux n’existent pas. Elle passe tous ses temps libres avec sa nouvelle bande d’amis, qui consomment beaucoup de drogues.

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Une scène du film La déesse des mouches à feu

Tout cela parlera beaucoup aux personnes de la génération du personnage de Catherine (celle de l’auteure de ces lignes, doit-on préciser). On ignore à quel point les adolescents d’aujourd’hui s’identifieront au personnage du roman initiatique (et largement autobiographique) de Geneviève Pettersen (que nous avons lu et dévoré, doit-on aussi préciser).

Quoi qu’il en soit, le long métrage qu’en a fait la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette (avec un scénario signé Catherine Léger) est une réussite jouissive. Un film-choc, sans censure et émouvant.

Le ton est tout sauf bon enfant. Catherine et ses amis ne fument pas que des petits joints de temps en temps. Ils enfilent les clés de mescaline.

Quelle immersion totale au cœur de l’invincibilité et de la découverte des plaisirs adolescents. Quelle distribution et quelle direction d’acteurs, à commencer par l’actrice principale Kelly Depeault (L’échappée), qui brille de mille feux telle une véritable déesse des mouches à feu !

Elle crève l’écran avec un naturel désarmant. On rit comme on pleure avec elle. On se gèle comme on dégrise.

Une grande actrice est née.

Et ses camarades de jeu lui donnent la réplique de façon tout aussi juste et décomplexée.

Les rebondissements dramatiques se font peut-être un peu rares dans le scénario de La déesse des mouches à feu (du moins par rapport à nos souvenirs du roman). Il y a surtout des scènes de party et de disputes de couple (formidables Caroline Néron et Normand D’Amour). Or, avec les plans rapprochés de Jonathan Decoste à la direction photo et le montage de Stéphane Lafleur, c’est comme si on y était.

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La déesse des mouches à feu, d’Anaïs Barbeau-Lavalette

La musique joue aussi un grand rôle dans le film, pour magnifier l’ivresse et le lâcher-prise des personnages, mais aussi pour bien camper l’époque. Catherine veut ressembler à Mia Wallace du film Pulp Fiction et la chanson des BB Seul au combat est son grand plaisir coupable.

Le meilleur du film ? Sa finale. Un véritable coup de poing dans le ventre.

★★★★

La déesse des mouches à feu. Un drame d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Avec Kelly Depeault, Caroline Néron, Normand D’Amour. 1 h 45

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