Bujumbura, capitale du Burundi, au début des années 90. Gabriel, 10 ans, vit des jours heureux avec sa mère rwandaise, son père français et sa petite sœur, Ana. Peu à peu, le conflit sanglant entre Hutus et Tutsis au Rwanda déborde jusqu’au Burundi. Forcé de choisir son camp, Gabriel verra son existence basculer à tout jamais.

Comme son film précédent, La promesse de l’aube, le nouveau long métrage d’Éric Barbier nous plonge au cœur d’un conflit dont les séquelles seront immenses chez ceux, civils comme militaires, qui ont regardé la mort dans les yeux.

Pour ce récit du terrible génocide rwandais, survenu en 1994, Barbier a fait le choix scénaristique de demeurer, pour la majorité du temps, en périphérie de la violence brute. Et pourtant, le conflit fut teinté d’une telle folie meurtrière, d’une telle haine et de massacres à la chaîne des Tutsis et Hutus modérés qu’il aurait été justifié d’emprunter une avenue plus frontale.

Il est à parier que certains lui en feront le reproche. Pas nous. Avec une mise en scène qui ne s’égare jamais du sujet, même dans ses passages les plus joyeux, comme un mariage coloré et musical, et des plans larges magnifiques, Barbier nous introduit avec brio dans le conflit sous l’angle de la peur, de l’incertitude, de l’angoisse.

Sa (parfois trop) longue montée en puissance nous fait aussi découvrir l’histoire dans la perspective de l’enfance. Car Gabriel ne cherche pas à choisir son camp. Il est beaucoup trop occupé à s’amuser avec ses amis, notamment autour et à l’intérieur de la carcasse d’un véhicule Volkswagen où enfants tutsis et hutus cherchent, avec plus ou moins de succès, à aplanir leurs différends.

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Petit pays, d’Éric Barbier

Une longue et seule séquence, à la fin de ce film inspiré du roman de Gaël Faye, est constituée d’une violence frontale, celle où Gabriel n’a plus le choix de choisir son camp. Un passage douloureux qui nous précipitera dans le présent, où l’enfant devenu adulte découvrira que sa mère, Yvonne, ne s’est jamais remise de la guerre.

En dépit de sa retenue, Petit pays est un film percutant.

★★★1/2

Petit pays. Un drame d’Éric Barbier. Avec Jean-Paul Rouve, Djibril Vancoppenolle et Dayla De Medina. 1 h 52.

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