En Belgique, aujourd’hui, le destin d’un garçon de 13 ans, pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.

Aborder au cinéma le thème de la radicalisation sans tomber dans le didactisme ou la démonstration n’est pas chose facile. Les frères Dardenne, qui signent ici un 11e long métrage de fiction, y sont parvenus en se tenant au plus près de leur jeune protagoniste. Fidèles à leur style naturaliste, les cinéastes se posent plutôt ici en observateurs. Ils tentent de comprendre comment un jeune garçon âgé de 13 ans vivant en Belgique, entouré d’une famille musulmane bienveillante et d’éducateurs engagés, puisse se radicaliser au point de vouloir éliminer les « mécréants ».

Pour ce faire, les réalisateurs de Rosetta et L’enfant, deux longs métrages couronnés de la Palme d’or à Cannes, affichent leur volonté de revenir aux sources de leur cinéma, ne faisant appel cette fois qu’à des acteurs parfaitement inconnus. Avec eux, ils traquent toutes les parcelles de vérité contenues dans un récit qui, bien que fictif, fait écho à un phénomène réel. La force du film tient en outre à cette façon de filmer, toujours très fébrile, que privilégie le tandem, ainsi qu’à cette idée de raconter l’histoire d’un garçon à peine entré dans l’adolescence, imperturbable dans ses nouvelles certitudes.

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Le jeune Ahmed, de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Avec son visage d’ange, son intelligence et son look d’étudiant studieux et appliqué, Idir Ben Addi porte Le jeune Ahmed sur ses épaules et livre une performance remarquable. Grâce à lui, l’histoire de ce garçon qui élimine tout le réseau intime et social qui l’entoure pour ne plus entendre que la parole de l’imam intégriste qui l’a pris sous son aile est poignante de bout en bout. D’autant que les Dardenne, lauréats du prix de la mise en scène sur la Croisette l’an dernier, allient la finesse de leur regard à la puissance de leur style.

En salle dès ce vendredi.

★★★★

Le jeune Ahmed. Drame de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Avec Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou. 1 h 24.

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