Lancé au festival de Toronto l’an dernier, Bad Education est le deuxième long métrage de Cory Finley, dont le premier, Thoroughbreds, s’était fait remarquer sur le circuit des films indépendants.

Cette fois, le cinéaste porte à l’écran un scénario de Mike Makowski (I Think We’re Alone Now), dont la particularité réside dans le fait qu’à l’époque où il était élève, le scénariste était lui-même aux premières loges du scandale auquel le récit fait écho. En 2002, Makowski a fréquenté l’école dont la réputation a été entachée par une histoire de détournement de fonds. À l’époque, quelques-uns des plus hauts dirigeants avaient puisé des millions de dollars dans la caisse.

Finley emprunte le ton de la comédie dramatique, surtout pendant la première partie du film, pour exposer la situation. Il y a d’abord Frank Tassone (Hugh Jackman), le directeur de la Roslyn High School, laquelle jouit d’une réputation enviable dans la région de Long Island, en banlieue de New York. Tassone est un homme de confiance, très apprécié des parents autant que des élèves, et mène en apparence une vie très rangée. Très compétitif, Frank tient à ce que l’école qu’il dirige reste toujours au sommet, et exige constamment le meilleur de ses élèves. Il encourage même la jeune Rachel (Geraldine Viswanathan), qui écrit pour le journal scolaire, à en savoir davantage sur le projet de rénovation de l’école qu’a approuvé le conseil d’administration.

Mal lui en prend. En creusant l’affaire, cette élève découvrira en effet le pot aux roses. Vivant depuis toujours, apprend-on très vite, une double vie sur le plan sentimental, Frank puise aussi dans la caisse depuis des années. Sa fidèle assistante Pam (Allison Janney), la première qui sera démasquée, a de son côté allègrement utilisé la carte de crédit de l’école à des fins personnelles. Une fois la pointe de l’iceberg apparue dans le champ de vision, l’ampleur du système frauduleux se révèle au fil de l’enquête de Rachel.

IMAGE FOURNIE PAR HBO

Bad Education

Une fine étude psychologique

Au-delà de cette enquête, choquante dans la mesure où elle illustre un manque d’éthique scandaleux dans un établissement dont le mandat est pourtant d’enseigner de grands principes, il y a dans Bad Education une fine étude psychologique. Dans le rôle de Frank, Hugh Jackman livre l’une de ses meilleures performances. L’acteur australien se glisse avec subtilité dans la peau de ce dirigeant en exposant toutes les facettes d’un homme bien sous tous rapports, qui s’est pourtant laissé lui-même dériver. Face à lui, Allison Janney (lauréate d’un Oscar grâce à I, Tonya) ajoute une performance remarquable de plus à son palmarès en donnant à Pam cette espèce de rage intérieure qui, à ses yeux, lui permet de contourner le règlement.

Mis en scène sans esbroufe, mais avec efficacité, ce long métrage se distingue aussi par la qualité d’écriture, de même que par des personnages périphériques intéressants, notamment ceux qu’incarnent Ray Romano, le grand patron, et Rafael Casal, l’ancien élève devenu amant.

Notez que Bad Education peut être vu en version originale sur la chaîne HBO et sur la plateforme Crave, ainsi qu’en version originale avec des sous-titres français sur la plateforme Crave en français.

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★★★½

Bad Education. Comédie dramatique de Cory Finley. Avec Hugh Jackman, Allison Janney, Alex Wolff. 1 h 43.