Argentine, en 1975. À la veille du coup d’État instaurant une dictature militaire, Claudio, avocat réputé, est mêlé à une altercation qui vire au drame avec un autre homme. Une série d’évènements fera en sorte que Claudio sera rattrapé par son geste.

Pour les cinéphiles qui ne dédaignent pas d’être dépaysés par d’autres écritures de cinéma, Rojo est sans doute un film à voir. Ou plutôt à déguster en raison de son rythme lent, froid, figé et souvent exempt de sentiments.

Comme si tous les personnages, les sens aux aguets à l’approche d’un évènement catastrophique (lire : le coup d’État), avaient arrêté de s’abandonner aux joies du quotidien.

Drame, thriller, mystère : il y a un peu tous ces ingrédients dans ce film aux accents surannés, traversés de plusieurs plans fixes, de nombreuses balades en voiture (sans que ce soit un road movie), de sentiments tout en retenue et de plans rapprochés qui donnent parfois l’impression d’être dans un télé-théâtre des Beaux dimanches.

Certaines idées de mises en scène sont très réussies par leur non-dit. Par exemple, lorsqu’en plein désert, l’action mettant en scène Claudio (excellent Dario Grandinetti) et l’homme avec qui il a eu une altercation se déroule hors du cadre alors que la caméra reste figée sur la voiture dont la portière est ouverte, côté conducteur.

IMAGE FOURNIE PAR ACÉPHALE

Rojo, de Benjamin Naishtat

Mais trop souvent, durant le film, certaines scènes secondaires peinent à rester dans l’orbite du thème central, à savoir les petites combines entre bourgeois consentants. On ne sait pas trop pourquoi elles surgissent dans l’histoire.

Le rouge du titre renvoie vaguement à la situation politique du pays vivotant entre deux juntes, mais aussi, sinon plus, au sang qui s’apprête à couler. Ce rouge traverse tout le film, notamment durant un beau moment à la mer, alors que survient une éclipse solaire.

★★★

Rojo. Drame de Benjamin Naishtat. Avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio et Alfredo Castro.

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